Cela a dépendu des territoires. Certains territoires n'en ont pas eu.
Les EHPAD n'ont pas tenu parce qu'ils ne sont pas adaptés à la médecine aiguë, le personnel n'est pas formé pour cela. Or les unités covid créées dans les EHPAD fonctionnaient comme à l'hôpital : visite le matin, adaptation des traitements, contre-visite le soir, tout cela habillé de pied en cap comme dans l'unité covid d'un hôpital – si l'on avait la chance d'avoir des EPI. Des disparités ont pu être constatées entre EHPAD privés appartenant à un groupe, qui ont pu avoir du matériel et des EPI grâce à une répartition entre établissements de ce groupe, et EHPAD plus petits n'appartenant pas à un groupe ou EHPAD publics autonomes non adossés à un hôpital.
Quant à la fin du modèle des EHPAD, il y a certes une question de moyens. Ensuite, les établissements adossés au secteur public ont peut-être mieux réussi parce que ces structures‑là bénéficient du matériel de l'hôpital. La plupart du temps, les établissements sont constitués d'anciennes chambres du secteur hospitalier, équipées d'une prise murale d'oxygène : les patients peuvent donc être oxygénés avec des débits de 10 litres par minute et des masques à haute concentration. S'agissant de la mortalité importante que l'on a pu constater dans certains établissements, il me semble important de repérer, sur la frise chronologique de l'épidémie, à quelle période ces cas sont arrivés. Il ne faut pas oublier qu'on a découvert cette maladie au fur et à mesure. Bien des patients sont décédés en EHPAD parce qu'on ne savait pas que le virus causait des embolies pulmonaires, et qu'on ne leur a pas administré de traitement anticoagulant préventif. Je doute qu'on puisse en connaître le nombre. Il ne faut pas raisonner globalement, mais resituer les événements dans le temps, parce qu'on a appris des choses au fur et à mesure.