Intervention de Jean-François Perotto

Réunion du mercredi 22 juillet 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-François Perotto, vice-président du syndicat des laboratoires de biologique clinique (SLBC) :

J'énumérerai les difficultés que nous avons rencontrées, dans l'espoir qu'elles ne se reproduisent pas.

Nous, biologistes, nous n'existons pas, et nos salariés, encore moins. Pour avoir du personnel dans les laboratoires, c'était et cela reste la croix et la bannière. Essentiellement féminin, notre personnel avait bien du mal, sauf peut-être dans les petites villes, à obtenir des places en crèche et devait rester chez lui pour garder les enfants. Nous avons également des personnels à risque, notamment diabétiques, dont la reprise du travail est ralentie par la difficulté à obtenir des rendez-vous avec le médecin du travail. Sans son autorisation, ce personnel ne peut reprendre son activité.

S'agissant des masques, nos confrères officinaux ne nous ont pas facilité la tâche. Si vous aviez de bonnes relations avec le pharmacien, vous pouviez en trouver, mais ce n'était pas toujours le cas. Nous avions tout de même des sources d'approvisionnement parallèles pour avoir les équipements de protection individuelle et le matériel de prélèvement. Mais si l'on pouvait considérer que notre personnel et nous-mêmes existons, cela nous arrangerait.

Le financement a aussi donné lieu à des cafouillages. Entre ordres et contre-ordres, nous ne savions plus qui avait droit au remboursement et qui n'y avait pas droit. Nous étions très sollicités et notre personnel n'y arrivait pas. En tant que vice-président d'une commission de hiérarchisation des actes de biologie médicale (CHAB), j'ai regretté que ni les caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) ni les professionnels n'aient été consultés avant la mise en place du remboursement du diagnostic du Covid par RT-PCR, afin d'éviter que certains éléments des textes ne soient sujets à interprétation. Il est dommage que l'on se passe de notre expertise pour clarifier les choses.

La question reste encore de savoir qui va payer. L'enveloppe de biologie médicale est dédiée au remboursement des tests courants et elle est limitée. On ne sait toujours pas sur quel budget les tests covid vont être remboursés. Une réunion était prévue avec le directeur général de la caisse nationale de l'assurance maladie (CNAM), M. Nicolas Revel, mais il a été nommé directeur de cabinet du Premier ministre. Nous attendons donc que la sécurité sociale revienne vers nous. Il est hors de question que la biologie médicale de base, les glycémies, le cholestérol et autres, finance les tests Covid dont le nombre risque d'exploser, d'autant que ces analyses ne sont pas très rémunératrices.

Depuis un an, nous demandons le remboursement du dépistage de la grippe par RT‑PCR. Le problème deviendra aigu si, d'ici à cet hiver, le remboursement du dépistage de la grippe par RT­­‑PCR, bien plus fiable que les tests actuellement remboursés, n'est pas prévu au même titre que celui du Covid car nous aurons besoin de faire des diagnostics différentiels.

Un courrier indécent du Comité français d'accréditation (COFRAC) menaçait les laboratoires de lever leur accréditation. Les laboratoires sont suffisamment adultes ! Nous savons ce qu'est la validation de méthode et nous ne nous sommes pas lancés à l'aveugle dans les diagnostics par RT-PCR. Nous avons pris huit à quinze jours pour maîtriser pleinement les techniques. Dans notre métier, on ne peut employer une nouvelle technique du jour au lendemain. Nous devons garantir la sécurité et la qualité.

Il y a malgré tout un point positif. Comme on nous demandait d'alimenter les bases de données à partir de diverses sources, quelqu'un a eu la bonne idée de créer le système d'information et de dépistage (SIDEP). Mis en place en une quinzaine de jours, en parfaite concertation avec le ministère, les biologistes et les fournisseurs d'informatique, il nous a simplifié la vie, car le travail administratif peut prendre plus de place que le travail technique et médical.

En province, nous avons travaillé en bonne intelligence avec les agences régionales de santé (ARS), les centres hospitaliers universitaires (CHU) et autres structures concernées de l'État. Nous souhaitons que cela perdure, ainsi que la mise en place de structures d'échange.

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