Intervention de François Blanchecotte

Réunion du mercredi 22 juillet 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

François Blanchecotte, président du syndicat national des médecins biologistes (SDB) :

. Comme toute société accréditée, nous devons jeter ce qui est périmé. Nous avons jeté des masques qui dataient de l'époque d'une ministre devenue ministre de la culture. Nous avons des logiciels de gestion de stocks.

Concernant la doctrine de 2013, nos laboratoires n'étaient pas du tout avertis de l'obligation de rééquipement et d'achat de masques en quantité suffisante. Nous nous sommes approvisionnés sur les marchés afin de protéger tous nos salariés, de sorte qu'il n'y a eu aucun mort dans notre métier, ni parmi les personnels ni parmi les biologistes.

Le Président de la République a pris une décision politique qui doit être mise en œuvre. Nous discutons avec l'assurance maladie pour étendre le champ des préleveurs, non seulement aux techniciens de laboratoire mais aussi, par convention, aux sapeurs-pompiers, à la Croix Rouge et au personnel médico-social. Pour opérer des prélèvements sur beaucoup de gens, il faudra multiplier les points de prélèvement et assouplir leurs conditions.

Les drives, d'ailleurs créés à la demande des biologistes par la modification d'un arrêté, provoquent des files de voitures parce que nous ne faisons pas les patients à l'intérieur des laboratoires. Des queues se forment à Paris, un peu moins en province. Après que quelqu'un s'est assis, son siège doit être désinfecté. Si l'on veut faire du dépistage de masse, il faudra trouver de grands espaces ouverts, constituer des équipes et être capable de renseigner le SIDEP, tuyau très efficace auquel les 402 sociétés françaises de laboratoires privés, connectées à 100 %, font remonter au jour le jour le nombre de tests effectués et le nombre de cas positifs. Il ne faut pas dégrader la qualité du traitement administratif, sinon on dépistera mais on ne saura pas qui l'a été.

Certains choix sont opérés par les ARS. À Montargis, le directeur général de l'ARS Centre‑Val de Loire, craignant la formation de clusters, a voulu dépister toute la population. Sur 4 600 prélèvements, il y a eu deux résultats positifs. Dans les Hauts-de-France, 300 000 bons de dépistage gratuit ont été distribués. Les biologistes, qui font jusqu'à 600 prélèvements par jour, n'ont pas trouvé un seul cas positif. Un dépistage de masse ne suffit pas, il faut faire des recherches. Si les autorités politiques n'invitent pas à se protéger au sortir d'un test, une semaine plus tard, ce sont toujours 66 millions de Français qu'il faudra tester, et ainsi de suite. On n'y arrivera pas. Si on veut faire des dépistages massifs, il faut avoir un plan B d'organisation de masse et employer les grands moyens : plateformes téléphoniques pour la répartition, pré‑saisie des renseignements dans le SIDEP, peut-être par un pré-accueil par les laboratoires.

Les clusters de Corse et de Bretagne résultent de réunions organisées pour des mariages. Un homme âgé de 70 ans a été testé positif après que sa petite fille a fait la fête à Narbonne. Il faut demander clairement aux Français de se protéger et imposer des mesures de protection dans les locaux fermés. Cette décision aurait dû être prise au lendemain du déconfinement. On aurait alors pu faire des tests massifs et isoler les personnes positives. Le système de suivi des cas contact fonctionne très bien.

Je suis tellement remonté contre les TROD que je n'en dirai rien ici. Mon collègue Jean Canarelli, le conseil de l'Ordre national des médecins et tous les syndicats de médecins se sont déjà prononcés : c'est un gadget pour pharmaciens – on voit dans La Nouvelle République d'aujourd'hui que le président de l'Ordre des pharmaciens d'Indre-et-Loire confond IgM et IgG. À un moment donné, il faut être sérieux dans ce pays !

Depuis le 13 mai, date depuis laquelle nous rendons publics tous nos résultats, nous avons réalisé 2 millions de tests PCR et seulement 144 000 tests sérologiques, technique de rattrapage qui ne peut servir à établir un diagnostic initial. La stratégie du ministre des solidarités et de la santé est clairement fondée sur la RT-PCR. Peut-on passer au prélèvement RT-PCR salivaire, afin d'éviter le désagrément du prélèvement nasopharyngé ? Olivier Véran a indiqué que la commission du CNR réfléchissait à cette possibilité. Nous attendons la réponse.

Je ne parlerai pas de deuxième vague mais d'une vague qui a commencé à arriver après le déconfinement. Est-on capable de l'enrayer et de contenir des clusters ? Sans doute est-ce à cela qu'il faut répondre.

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