Effectivement, sur la doctrine de 2013, la question est bien celle de l'information.
La concertation est, pour nous, la clé de l'efficience. Les relations fonctionnent bien avec certaines ARS parce qu'il y a chaque semaine des conversations téléphoniques entre le CHU, l'ARS, les CPAM, les biologistes privés et publics. En France, le dogme sacro‑saint de l'autonomie de l'ARS prévaut, mais chacune ne peut pas faire ce qu'elle veut. Notre profession est répartie entre 4 000 laboratoires sur le territoire national. Comment fait‑on à Sainte‑Maure‑de‑Touraine, proche de la Nouvelle‑Aquitaine, en face de deux décisions différentes ? Il faut assurer une cohérence et instaurer une homogénéité des décisions et des relations.
On peut regarder ce que font nos voisins. Un lot de 640 000 tests non évalués et non fiables commandé par l'Espagne a été retourné pour cause de sensibilité de 30 %. Nos collègues danois et suédois ont de belles réussites mais aussi des échecs. En Allemagne, où on a beaucoup testé, de nouveaux clusters apparaissent. Même si la santé n'est pas une compétence européenne, pour être élu et président de la commission des affaires européennes de l'union nationale des professions libérales (UNAPL), j'appelle à une cohérence en matière de santé européenne. En cas de crise, nous devons tous nous mobiliser.
En ce qui concerne le dépistage des salariés, bien des groupes, comme la BNP, ont lancé des campagnes. C'est une responsabilité de l'entreprise. Notre objectif et la commande du ministre étaient de prioriser la santé des Français et non celle des groupes. C'est quand nous avons eu trop de tests et que la demande s'effondrait, que nous avons invité des entreprises à le faire.
Nous devons être en relation avec les agences. Dans certains groupes de travail, nous avons réussi à simplifier notre relation avec les ARS et les agences spécialisées. La délégation ministérielle du numérique en santé a réussi à rassembler tout le monde afin de faire avancer un projet de façon concertée.
J'ai été un des premiers, en Indre-et-Loire, à contracter avec le laboratoire vétérinaire du conseil départemental. Il s'agit de leur transmettre la phase analytique, puisque le biologiste est légalement responsable de la phase pré-analytique de prélèvement et de la signature du résultat. Dans ce département s'est posée la question de la liaison informatique entre notre laboratoire et le laboratoire vétérinaire. Nous avons signé une convention qui n'a pas été utilisée mais qui pourrait l'être pour des campagnes massives de tests. Les biologistes n'ont pas du tout agi contre les laboratoires départementaux.
Dans les aéroports, clairement, il faut contrôler. Il faudrait faire 30 000 tests par jour, contre 2 000 actuellement. Des laboratoires sont installés à Orly et à Charles‑de‑Gaulle et dans toute la France. Nous essayons de contrôler les entrants.
Je ne parlerai ni de Saint-Tropez ni de Paris Match. C'est un monde auquel je n'appartiens pas. Ce genre d'avantage pour privilégiés ne concerne pas la majorité des Français.
Je me bats depuis vingt ans contre la concentration. En France, sept groupes majeurs représentent 70 % de la biologie française. À un moment, certains ont décidé d'évoluer vers une biologie industrielle, sans le dire. Les plateformes et le matériel que nous avons achetés ne sont pas à la portée de laboratoires de trois ou quatre personnes. Nous nous sommes tous associés, moi le premier dans l'Indre-et-Loire. Nous avons un laboratoire de vingt-huit sites qui réalise un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros. Nous avons pu investir. La Cour des comptes s'apprête à venir nous examiner. Nous montrerons nos chiffres en toute transparence. Mais le coût de notre investissement sur les tests ne sera rentabilisé qu'au mois de novembre. Aujourd'hui, nous travaillons à perte. Nous avons pu le faire grâce à notre trésorerie et pas pour dégager un gain financier.