J'ai été nommée à la succession de Christophe Lannelongue, que vous avez auditionné hier, le 8 avril en conseil des ministres, et je suis arrivé sur le site de Nancy le 9 avril après-midi, juste après l'acmé de la crise – ce que l'on ne savait pas. À l'époque, on commençait à observer une stagnation des admissions en services de réanimation, sans savoir que le pic de saturation avait été dépassé.
Ma prise de fonctions a été particulière, en raison de l'ampleur de la crise et de la nature même du poste, n'ayant jamais exercé dans une ARS et connaissant plus particulièrement la gestion de crise. J'ai inscrit mon action dans la continuité de ce qu'avait accompli mon prédécesseur, en échangeant plusieurs fois par semaine avec l'ensemble de nos partenaires en audio et visio-conférence, mais je l'ai aussi adaptée à mon propre mode de management et à l'évolution de la crise, en lien étroit avec mes directions métier et avec les délégations territoriales.
Nous sommes toujours en crise, même si elle n'est plus aussi aiguë. L'agence continue à travailler sur des missions prioritaires liées à l'épidémie, en particulier les tests et le traçage, qui mobilisent plus d'une centaine d'agents sur un total d'un peu plus de 700. J'ai tenu à ce qu'ils puissent prendre leurs congés, car j'ai senti, dès mon arrivée, un épuisement manifeste. Cette crise a la particularité de s'inscrire dans la durée, et son caractère chronique la rend très difficile à gérer dans la longueur.
Mon action a consisté à maintenir la vigilance sur les capacités en réanimation, mais aussi à en organiser le désarmement tout en préparant un éventuel réarmement ; à structurer les filières de prise en charge covid-19 en relais de la réanimation, englobant la médecine, les soins de suite et de réadaptation (SSR), et la médecine de ville ; à prendre en charge toutes les personnes qui ne l'avaient pas été ou qui avaient d'elles-mêmes renoncé aux soins, en ville comme à l'hôpital, le tout dans un contexte, que vous connaissez, de pénurie des cinq médicaments nécessaires en réanimation.
Nous avons aussi préparé le déconfinement, à la fois par des reprises d'activité dans le cadre de schémas territoriaux et par l'accompagnement des établissements médico-sociaux (ESMS). En parallèle, notre action principale a consisté, et consiste toujours, à tester, tracer et dépister. Il a également fallu gérer les surcoûts liés au covid-19, les répartitions d'enveloppes et les remontées d'informations, tant pour les établissements publics et privés que pour les ESMS.
Très rapidement, j'ai souhaité me rendre dans les établissements de santé les plus touchés, dans le Haut-Rhin puis le Bas-Rhin – en suivant la vague épidémique –, dans le plus grand respect des règles de distanciation, tout en échangeant par visioconférence avec l'ensemble des partenaires. À la sortie du confinement, j'ai entrepris une tournée de l'ensemble des départements du Grand Est, que j'achèverai la semaine prochaine.
Nous avons, par ailleurs, commencé à engager des retours d'expérience (RETEX) en installant un comité de pilotage avec la préfecture de région, le conseil régional, les usagers et le président de la conférence régionale de la santé et de l'autonomie. Les RETEX porteront à la fois sur le fonctionnement interne de l'ARS et sur celui des délégations territoriales (DT) ainsi que sur nos relations avec l'ensemble de nos partenaires.
Depuis mon arrivée, j'ai entretenu des relations constantes tant avec la préfecture – je tiens d'ailleurs à saluer l'action de la préfète de région, qui a facilité ma prise de fonctions dans cette gestion de crise – qu'avec l'assurance maladie et Santé publique France, mais aussi avec les professionnels de santé de ville, d'ESMS et d'établissements de santé. Je n'oublie pas les élus, que je n'ai pas encore tous contactés, mais les DT sont à la manœuvre pour ces relations de proximité, ni les militaires, qui ont été un très grand renfort dans notre région.