Quelques mots pour vous dire le rôle de la délégation départementale du Val-d'Oise dans cette gestion de crise.
La première action qui nous a fait entrer dans l'opérationnalité de cette gestion de crise a été l'ouverture, à partir du mois de février, d'une ligne téléphonique dédiée aux élus du territoire et aux institutionnels, pour répondre à leurs questions dans cette phase de montée en charge. Cette ligne téléphonique a reçu, dans les trois ou quatre premières semaines, plus de 1 500 appels, auxquels nous nous efforcions de répondre sept jours sur sept. Cela a été notre première véritable action territoriale, sachant que l'ensemble des équipes de la délégation participait déjà à la montée en charge progressive du dispositif organisé au niveau du siège, via le traçage systématique de chaque cas aux stades 1 et 2 de l'épidémie.
Plus fondamentalement, la délégation départementale a été la charnière opérationnelle des consignes et orientations fixées par le siège de l'ARS. Ces consignes étaient fixées de manière extrêmement claire lors d'audioconférences pluriquotidiennes, et elles étaient thématiques, portant sur les laboratoires, les libéraux, l'hôpital et le médico-social. Tout au long de la journée, nous adaptions nos postures et les remontées de situation. Ces consignes étaient, en outre, écrites dans des doctrines adressées quotidiennement aux délégations départementales pour nous dire concrètement quelle était la stratégie, vers où l'on devait aller et ce qu'on devait mettre en œuvre au niveau du département. Notre premier rôle a ainsi été d'imaginer, à l'échelle du département, la mise en œuvre de ce plan élaboré de concert. Nous pouvions, bien sûr, nous appuyer sur l'expertise technique du siège, notamment l'expertise médicale, qui a été précieuse, ainsi que les expertises métier.
Cette mise en œuvre opérationnelle a porté sur l'ensemble des champs. Ainsi avons-nous installé dans le Val-d'Oise, en lien avec les libéraux du territoire, quatorze centres covid-19, dont beaucoup ont été constitués autour des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui étaient en cours de construction. Nous avons pu nous appuyer sur un certain nombre de professionnels ou de maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) que nous connaissions pour construire une solution qui soit cohérente et qui ne soit pas seulement éphémère. Car l'idée était aussi de pouvoir capitaliser sur quelque chose qui resterait après cette gestion de crise ou permettrait de gérer les différentes vagues. Nos quatorze centres covid‑19 ont toujours une identité aujourd'hui : nous communiquons toujours avec leurs quatorze responsables, en général de manière hebdomadaire ou à chaque fois qu'ils en ressentent le besoin.
L'adaptabilité dont nous avons dû faire preuve pour appliquer les doctrines régionales au niveau du territoire s'est portée sur l'ensemble des champs de la gestion de crise. Déjà en appui des EHPAD pour le suivi des cas, l'appui et l'envoi d'infirmières hygiénistes, nous avons exercé notre adaptabilité en allant chercher, dès le tout début du mois de mars, et partout où ils se trouvaient, des renforts à leur envoyer pour les aider au plus fort de la gestion de crise, puisque nous avons eu 16 % d'absentéisme, ce qui représente dans le Val-d'Oise à peu près 600 personnels manquants sur la période. Cela a signifié aller chercher des libéraux, faire appel à SOS Médecins un dimanche soir à 21 heures en leur demandant de poster quatre personnes dans l'heure ; demander aux médecins des centres covid-19, à partir du moment où l'activité y avait un petit peu diminué, d'aller se poster en EHPAD, ce que la plupart d'entre eux ont fait ; solliciter les infirmiers libéraux que l'on connaissait, les kinés ainsi que les services de la préfecture : dix-huit personnes de la préfecture du Val-d'Oise sont allées se poster en EHPAD, en renfort administratif, au moment où l'on avait un important besoin de remontées d'enquête mais aussi de lien avec les familles.
Tout cela s'est construit sur le terrain en bonne intelligence et avec des partenaires que nous connaissions et que nous avons pu mobiliser, et qui ont pu à leur tour mobiliser autour d'eux.
Nous avons également joué notre rôle vis-à-vis des structures qui accueillent des personnes en situation de handicap. Cela a été une tâche importante que la mise en place des plans de confinement et de déconfinement, et la recherche de solutions de répit. Dans une logique de réponses adaptées pour tous, il s'agissait de laisser le moins de personnes possible dans la difficulté et donc de rechercher des solutions de répit ou de suivi à domicile, selon les personnes. Nous nous sommes attachés à conduire cette action au quotidien avec les équipes du conseil départemental de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
L'autre grand sujet, mis en œuvre avec les équipes de la préfecture du Val-d'Oise et le préfet délégué pour l'égalité des chances, a été de conduire une action particulière à l'égard des personnes en situation de précarité sociale. Pour les personnes en campement, elle a porté sur l'eau, l'accès aux soins, l'organisation de tests covid, la distribution de bons alimentaires assurée par le préfet. Nous avions des audioconférences hebdomadaires avec le préfet délégué pour l'égalité des chances. Pour les personnes en hébergement d'urgence, nombreuses dans le Val-d'Oise – premier département en termes de densité dans le logement d'urgence –, nous avons réalisé 1 500 tests en structures d'hébergement social et envoyé plusieurs associations de médiation sociale pour les personnes à l'hôtel. L'association Ensemble pour le développement humain, notamment, a participé à la production de messages de prévention contre le covid en huit langues différentes, particulièrement destinés aux mineurs non accompagnés à l'hôtel, projet auquel nous avons participé avec le conseil départemental.
S'agissant de l'hôpital, au début de la crise, le rôle de la délégation départementale était d'aller vers les cliniques et les hôpitaux, mais le sujet est très vite devenu régional par les solutions qui étaient recherchées.
Ce rôle de charnière opérationnelle ne s'est installé qu'avec une concertation importante, organisée autour du préfet et très rapidement. Dès la fin du mois de février, nous avions avec lui un point quotidien, auquel il associait de manière hebdomadaire les parlementaires, puis, deux fois par semaine, la présidente du conseil départemental et le président de l'Union des maires du Val-d'Oise. Ces échanges ont été fondamentaux. Outre la réunion formelle à laquelle ils donnaient lieu chaque jour, ils pouvaient se produire des dizaines de fois dans la journée, de manière informelle, par des boucles courtes. Le préfet en tirait, deux fois par semaine, une note à l'attention des élus du territoire, pour échanger de manière transparente sur l'évolution de la situation et faire le point sur l'ensemble des champs, qui ne couvraient pas que la santé. Ces réunions, que nous continuons d'avoir, ont été un facteur clé pour mettre autour de la même table l'ensemble des directeurs des services de l'État, quel que soit leur champ, et nous ont permis de trouver des solutions opérationnelles.