Il y a bien eu deux mi-temps dans le Grand Est : avant et après le 9 avril.
Madame Desailly-Chanson, confirmez-vous les propos de votre prédécesseur en ce qui concerne les masques ? On a tout eu : carence, pénurie, guerre des masques avec des réquisitions sur le tarmac des aéroports. Au niveau national, Mme Buzyn nous a indiqué s'être posée la question des stocks le 24 janvier, c'est-à-dire fort tardivement. Il y en avait 117 millions au niveau national, ce qui était notoirement insuffisant.
Avez-vous retrouvé des documents indiquant si l'ARS Grand Est avait connaissance de l'état des stocks avant la crise ? A-t-elle surveillé l'application de la doctrine du 16 mai 2013, prise sous l'autorité du Premier ministre de l'époque, qui confiait la responsabilité des stocks de masques aux hôpitaux et aux établissements médico-sociaux ?
Le premier facteur de risque du covid-19, c'est l'âge ; la moitié des morts, ce sont nos résidents en EHPAD. Nombre d'acteurs que nous avons auditionnés nous ont avoué qu'on avait avancé à l'aveugle, M. Lannelongue indiquant que, jusqu'au 20 mars, il n'avait eu aucune remontée d'informations sur ces établissements qui manquaient de masques, de tests, d'équipements de protection, de médicaments, d'oxygène, et dont les résidents avaient peu de soutien médical et très peu accès à l'hospitalisation. Il est indispensable que nous disposions de statistiques sur la région Grand Est, que nous sachions combien de patients ont été hospitalisés, combien ont été en réanimation et combien ont été ventilés parmi les plus de 75 ans.
S'agissant des tests, là aussi, il y a eu deux mi-temps. On a vu le retard pris pour associer les laboratoires privés, le retard dans la doctrine puisque l'on n'a testé que les patients qui étaient en réanimation et qui présentaient des symptômes sévères mais pas les asymptomatiques ni les paucisymptomatiques, et le retard dans les dépistages de masse. Dans le département des Vosges, les premiers dépistages de masse ont eu lieu le 21 juillet, c'est-à-dire sept mois après le début de la pandémie, quatre mois après le début du confinement.
Enfin, que pouvez-vous nous dire de la force opérationnelle au niveau de l'administration centrale sur les tests ?