La sensibilité et l'usage des tests RT-PCR est une question essentielle en ce qu'elle remet le test à sa juste place.
Le passage du diagnostic au dépistage s'est fait progressivement, et cela n'a pas été évident. La proportion de faux négatifs est importante, d'autant que le prélèvement nasopharyngé est un geste compliqué. Si le prélèvement est mal fait, les résultats peuvent être faussés dans un nombre significatif de cas. Par ailleurs, le test RT-PCR n'identifie la présence virale que pendant un temps déterminé, ce qui signifie qu'on peut parfaitement être malade et avoir un test négatif. On n'obtient, de ce fait, qu'une photographie de la situation d'une personne à un instant déterminé, étant entendu que cette photographie peut elle-même être faussée.
On ne peut que faire un usage ponctuel du test. Son indication la plus naturelle concerne des personnes qui présentent des symptômes et qui ont de fortes chances d'être positives ; on teste pour le vérifier. Les limites du test conduisent à cet usage diagnostique. L'usage aux fins de dépistage est beaucoup plus compliqué : si on dépiste des personnes ne présentant aucun symptôme, on peut trouver des cas positifs, mais on va aussi indiquer à des individus qu'ils ne sont pas malades alors qu'ils peuvent l'être. Le passage d'une logique à l'autre, c'est-à-dire d'un usage ciblé de confirmation à un usage de screening large de la population, sachant que des tests négatifs sont possibles chez des personnes en réalité positives, n'est pas une évidence dans une perspective médicale ou sanitaire. C'est une politique d'une nature très différente, et cela explique aussi, sans doute, qu'elle ait pu prendre du temps.
J'ajoute que l'idée de pratiquer un dépistage de masse, en population générale, dans des épidémies de cet ordre n'est évoquée, à ma connaissance, dans aucun des documents ou plans de préparation aux pandémies qui existaient. Il y a eu une prise de conscience progressive face à l'événement. Par ailleurs, je ne crois pas que le passage progressif du diagnostic au dépistage ait été réalisé d'une manière significativement différente dans d'autres pays européens.
Je n'ai pas entendu évoquer, pour être tout à fait clair et transparent vis-à-vis de vous, la question du dépistage par scanner thoracique, en tout cas à l'échelle nationale pendant la crise.
Le traçage covid est suivi directement par la Caisse nationale de l'assurance maladie (CNAM). Je ne dispose pas d'éléments extrêmement détaillés sur ce sujet, en dehors de ce que j'ai déjà indiqué. Pendant les premières semaines consécutives au déconfinement, le nombre de cas contacts identifiés était relativement faible.
Les TROD sont des tests sérologiques qui confirment qu'une personne a été exposée au virus et pourrait peut-être être immunisée pendant une période indéterminée. Des tests sérologiques ont été progressivement mis en point. Qu'il s'agisse des tests ELISA pratiqués en laboratoire de ville ou des TROD, praticables en pharmacie, un processus d'évaluation des performances a été mis en place. L'ensemble des tests a été évalué par les CNR. Un cahier des charges avait été défini par la HAS. À l'issue d'un travail commun entre la HAS, les CNR, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et le ministère, une première liste de tests « validés » a été adoptée.
Par définition, un TROD doit toujours être confirmé en laboratoire : c'est la limite du recours à ces tests. Il n'y a pas de raison aujourd'hui de poser la question de la fiabilité de ceux qui ont été validés par les instances compétentes et évalués par les CNR. La question qui se pose derrière est celle de la sérologie. Son usage médical est très limité : la HAS l'a prévue en tant que diagnostic de rattrapage dans des cas très précis. Médicalement, l'information n'a pas d'usage direct, mais il y a clairement une attente sociale, le souci de savoir ce qu'il en a été. L'un des souhaits du ministère des solidarités et de la santé, en particulier du ministre, a été de faire en sorte que la sérologie, qui répond à des besoins et à des attentes, puisse être largement accessible, y compris sous la forme de TROD réalisés en pharmacie. Les personnes qui s'adressent à des laboratoires de ville se voient aussi proposer des tests sérologiques, voire un combiné RT-PCR et sérologie.