Les syndicats de biologistes, que nous avons entendus la semaine dernière, ont fait part de leur ressentiment. Ils estiment avoir été écartés de la stratégie de dépistage au début de la crise. Vous avez indiqué les dates auxquelles ils ont été mis dans la boucle. Quel regard portez-vous sur leur appréciation ? Ces interlocuteurs estiment à environ un mois le temps perdu en raison de blocages administratifs, concernant des arrêtés non pris, des autorisations d'utilisation de réactifs.
S'agissant des laboratoires publics, les premiers tests ont été réalisés dans des centres hospitaliers. Vous avez donné des chiffres montrant une montée en puissance progressive, mais assez tardive. J'ai vécu dans mon département des conflits, qui sont peut-être remontés jusqu'à vous, entre le centre hospitalier universitaire (CHU) et des laboratoires de recherche de grands organismes. Le préfet a dû rendre des arbitrages tout en qualifiant la situation de totalement ubuesque. Comment expliquer ces conflits qui nous ont fait perdre du temps ?
Le professeur Raoult a beaucoup été interrogé, lorsque nous l'avons auditionné, sur la capacité de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille à réaliser des tests. C'est un élément, contrairement à d'autres peut-être, qui ne fait pas l'objet d'un débat : cet IHU a eu une capacité de test extrêmement importante dans la région, et d'une manière très précoce. Sans vouloir faire du régionalo-centralisme, comment expliquez-vous cet écart entre Nice et Marseille ? Pendant quinze jours, je crois, les tests étaient envoyés par le CHU de Nice à l'IHU de Marseille. Comment expliquer que cet institut se soit débrouillé plus vite que les autres acteurs ?
Enfin, que pensez-vous de l'organisation à venir – car c'est aussi ce qui nous importe au sein de cette commission ? Le professeur Raoult a proposé qu'il y ait des IHU dans toutes les zones de défense et il a émis de très vives critiques à l'égard des CNR, qui sont, pour lui, des obstacles à la mise en œuvre rapide d'une stratégie de dépistage.