Intervention de Nicolas Castoldi

Réunion du mercredi 29 juillet 2020 à 9h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Nicolas Castoldi, coordonnateur de la stratégie de dépistage covid-19 :

Si mes souvenirs sont bons, vous avez auditionné les fédérations ou les associations de laboratoires. Ce sont les interlocuteurs habituels du ministère de la santé, qui discute avec les « corps constitués » des laboratoires de ville. Ce que nous avons fait, alors que cela ne se pratiquait pas jusque-là, est de parler directement avec les acteurs économiques, de discuter au quotidien avec les grands laboratoires de biologie médicale, qui sont capables de prendre des engagements industriels chiffrés – ils savaient ce qu'ils pouvaient faire sur le moment, puis le 11 mai et ensuite en juin. C'est nouveau, mais cela s'explique très bien : on est passé d'une logique de régulation, dans laquelle on s'adresse aux représentants d'un secteur, à une logique d'organisation de l'effort national, dans laquelle on parle directement aux acteurs industriels, l'État demandant à ces derniers de faire des choses. Il est possible que le changement d'interlocuteurs n'ait pas provoqué l'enthousiasme chez certains. Quant à ce qui a précédé, je ne sais pas exactement ce qu'il en est.

S'agissant des laboratoires publics, je n'ai pas de vision claire de l'étape précédente, là non plus, et j'aurai du mal à répondre d'une manière précise et satisfaisante à votre question. Ce que je constate, c'est que la diffusion du test a été compliquée parce qu'il a fallu passer d'un test initial, mis au point très rapidement par un laboratoire de pointe, de recherche, à un test « industrialisable » sans perte de précision et de fiabilité. Cela n'a pas été un processus simple – cela n'a été le cas nulle part dans le monde : il a fallu du temps et cela a suscité des tensions ici et là. Au-delà du cas niçois, il y a eu des tensions très fortes entre des laboratoires de recherche et des CHU, ce qui s'explique aussi par le fait qu'il fallait passer d'une logique de plateforme réalisant des opérations à une logique de production de résultats identifiés et faciles à suivre. Le basculement n'a pas toujours été aisé.

Une des caractéristiques du système français de biologie médicale est qu'il est extrêmement fragmenté. Il y a des laboratoires de ville et des laboratoires hospitaliers. Ces deux secteurs, qui sont distincts, entretiennent des relations cordiales, mais il arrive aussi qu'elles soient tendues. Les laboratoires de recherche sont une autre troisième composante. Il a fallu passer d'une logique d'opposition potentielle entre les uns et les autres, qui a pu exister à certains moments au début de la crise, à une logique de travail collectif. C'est un élément factuel incontestable.

En ce qui concerne l'avance de l'IHU Méditerranée Infection, je n'ai pas forcément une vision extrêmement précise. J'ai envie de vous faire une réponse très naïve, qui n'est pas totalement fausse, à mon avis. C'est un IHU d'infectiologie, un des lieux en France où on pratique cette discipline à un niveau reconnu à l'échelle internationale. Autrement dit, s'il y avait un endroit dans notre pays où on devait être capable de réaliser des tests très vite, c'était dans cet IHU ; sinon, il y aurait eu un problème. Au même titre que le CNR de l'Institut Pasteur, les équipes constituées par le professeur Raoult à Marseille font figure de référence sur ce sujet ; elles sont renommées et constituent des interlocuteurs de premier niveau. Force est de constater qu'il n'y a pas d'IHU spécialisé en infectiologie à Nice. Le retard peut s'expliquer ainsi, même si cela ne rend pas plus satisfaisant le constat que l'accès aux tests est plus facile à Marseille qu'à Nice.

La proposition de doter chaque zone de défense d'un IHU spécialisé en infectiologie est intéressante, mais cela reviendrait à entretenir une plateforme dernier cri d'infectiologie dans un certain nombre de territoires, ce qui est un peu ce qu'a fait l'État lorsqu'il a décidé de renforcer les CHU avec des plateformes fournies par la société MGI à l'échelle territoriale. Quant à l'idée d'avoir des IHU intégrant l'ensemble de ces fonctions, il faudrait peut-être y réfléchir à deux fois.

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