La mobilisation qui s'est opérée sur la question du risque terroriste ne signifie pas que nous avons été indifférents aux autres problèmes que nous avons eu à traiter – ouragan, cyberattaques… En revanche, il est vrai que nous travaillons par cycle. C'est la raison pour laquelle, j'ai reprogrammé, en 2017, différents exercices visant à tester le plan Pandémie de 2011. L'actualisation des plans est un travail très lourd, qui mobilise l'administration à tous les niveaux.
Par ailleurs, le plan Ébola a été actif jusqu'en 2016 date de sa levée par l'Organisation de la santé (OMS) ; il était prêt à être déployé en cas de contamination. En outre, n'oublions pas que nous venions de sortir d'un cycle long d'élaboration du plan Pandémie grippale. J'ai évoqué le plan de 2009, mais le premier plan date de 2005. Il a fallu toutes ces années de travail pour aboutir à cette dernière mouture du plan, qui est d'une étonnante précision et d'une grande clarté.
Vous me demandez ensuite si, à travers la planification, il n'y aurait pas une certaine bureaucratisation de la sécurité. Ce n'est pas le but d'un plan. Il ne doit pas être respecté à la lettre et surtout, en cas de crise, il doit aussitôt être actualisé : la covid-19 n'est pas le virus H1N1 ni le H5N1.
Pour les décideurs, ce type de plan est une check-list, même pas un plan de vol. Nous savons tous qu'en politique, même si les responsables ont bien élaboré leur plan de vol, ils rencontreront des aléas, des difficultés. Il s'agit cependant d'une check-list utile. Ainsi, nous avons pu vérifier les moyens, les capacités, la mise en alerte des chaînes administratives…
Par ailleurs, à travers les plans se définissent des procédures, des gestes réflexes, un vocabulaire commun et compris, ainsi que diverses phases d'alerte, de vigilance et de remédiation mais ils peuvent ne pas traiter tous les sujets. Le plan Pandémie grippale 2011 n'aborde pas, par exemple, la question du confinement général, qui a été appliqué dans le monde entier.
Vous avez parlé de fluidité et de flexibilité. La flexibilité est dans l'ordre de l'opérationnel. C'est la raison pour laquelle ceux qui arment la cellule interministérielle de crise ne sont pas ceux qui gèrent le volet opérationnel de la crise. Ces derniers ne peuvent pas non plus être sur tous les fronts : celui qui gérera l'aspect santé n'aura pas le temps de briefer les recteurs, les préfets, etc.
La période 2014-2018 m'a poussé à sortir d'une culture dans laquelle le SGDSN était surtout attaché à des problématiques d'ordre militaire ou de politique internationale pour investir l'ensemble du champ de la sécurité, en coordination avec d'autres acteurs. Il est un élément de soutien d'une communauté interministérielle qui s'approprie des problématiques qui ne sont pas, au départ, nécessairement nées dans son champ de compétences.