Non, je ne dispose d'aucune information précise. Si nous avions eu plus de chiffres, ils auraient été communiqués plus tôt mais il est vrai qu'il reste un chaînon manquant dans l'enquête non pas sur le virus, mais en matière épidémiologique. Le fait que les Chinois aient transmis l'identité du virus relativement tôt prouve qu'ils étaient désemparés. Aucun pays n'avait jusque-là réalisé de progrès importants dans la recherche de vaccins. D'ailleurs, cette crise a permis la création, par l'ANRS et le réseau REACTing de l'Institut national de la santé et de la recherche médical (INSERM), d'un pôle Maladies émergentes, qui manquait farouchement. Il s'agit d'une évolution importante.
Ma réflexion n'était pas plus aboutie que cela, à l'exception de la connaissance, dans les milieux scientifiques, d'une alerte forte sur la problématique des coronavirus et de la covid-19 en particulier.
Les organisations internationales vont mal et cette crise a démontré que le système risquait de se briser. Il a sans aucun doute manqué de réactivité. Le Conseil de sécurité, à savoir le directoire mondial, ne s'est pas réuni en urgence, alors même qu'aucun conflit, depuis la Seconde Guerre mondial, n'a eu – en termes économiques et humains – des conséquences de cette importance. Les organisations internationales, non seulement ont manqué le rendez-vous, mais ont eu du mal à se ressaisir.
L'OMS n'a fait que donner un certain nombre d'éléments de transparence sur la manière dont les décisions ont été prises. L'Organisation mondiale du commerce (OMC), elle, était déjà totalement bloquée avant la crise économique majeure que nous vivons. Le système mondial a besoin d'être rebâti. Heureusement que l'Union européenne a réagi, même si les réactions ont été très nationales au début de la crise.
Concernant la diffusion de la doctrine, je n'ai rien à ajouter : elle a été diffusée, d'abord, par mon prédécesseur, puis par moi, en 2016. Et je rappelle que le plan Pandémie grippale, tout comme le plan Ébola, sont publics : ils ont vocation à sensibiliser tous les acteurs, ainsi que les citoyens, les premiers responsables de leur sécurité.
Je ne peux qu'encourager toutes les mesures préventives mais nous savons que l'éducation des citoyens à un plan de sécurité prend du temps. Il en a fallu pour que le plan Vigipirate soit efficace, pour que les citoyens, par exemple, signalent un bagage abandonné. De même, l'application des mesures de distanciation et le port du masque prendront du temps. La France n'est pas un grand pays de santé publique et de prévention, d'autres le font beaucoup mieux et de manière systématique, les habitudes ayant été prises bien avant.
Les élus ont effectivement leur rôle à jouer, ils sont l'échelon le plus proche des citoyens. C'est la raison pour laquelle j'invitais régulièrement les élus à assister aux exercices de scénario de crise.
S'agissant des suggestions, j'en ai plusieurs à vous livrer. D'abord, je l'ai dit, l'alerte et l'expertise sont primordiales : si nous n'anticipons pas suffisamment, nous perdons du temps. Ensuite, le reporting. Les plans de continuité d'activité, par exemple, contrairement aux plans de sécurité des opérateurs, ne font pas l'objet d'une obligation de reporting, au motif qu'il en va de la responsabilité ministérielle. Or les remontées sont précieuses.
Les problématiques de bioterrorisme avaient été l'une de mes priorités au cours de mon mandat, notamment le cadre du contrat général interministériel (CGI), contrat qui a pris fin en 2019. Il permettait au SGDSN de vérifier que les crédits fléchés dans les budgets des ministères, notamment pour acquérir des tenues spécifiques, du matériel, des équipements, des caissons, pour les services d'urgence, avaient bien été utilisés.
Enfin, les exercices, comme ceux que j'ai planifiés en 2017 sont nécessaires. Ils permettent de vérifier que tout fonctionne et, au besoin, d'actualiser les plans.
Madame la députée, je ne peux répondre à vos questions relatives à la réserve sanitaire et aux certificats de décès, car je découvre la réalité du problème avec votre question. Vous devriez interroger les ministères de la santé et de l'intérieur.