Madame la présidente, vous avez eu des mots très forts ; ils sont à hauteur de la gravité de la situation qui a touché nos aînés. Vous avez utilisé le terme de « vieux ». J'ai moi-même lancé un cri d'alarme, au mois d'avril, dans une tribune intitulée « Ne laissons pas mourir nos aînés », publiée dans Le Figaro. J'avais en effet mesuré, dans mon département, à quel point la situation que vous venez de décrire était conforme à la réalité. Nous étions confrontés à une hiérarchisation des priorités. Dans une situation de crise majeure, nos aînés n'ont pas été considérés comme prioritaires et il a fallu attendre plusieurs semaines avant que les services de soins à domicile soient inclus dans une boucle de réflexion ou que les EHPAD soient pris en considération comme il aurait été nécessaire.
Les chiffres sont d'une réalité cruelle. Si nous avons constaté un peu moins de 34 500 cas de covid-19 parmi les résidents des EHPAD, nous avons eu à déplorer plus de 14 167 décès, soit un peu moins d'une personne décédée sur deux touchées ; plus de 10 500 en établissement, un peu moins de 4 000 à l'hôpital.
J'aurais souhaité connaître votre lecture de la situation et les remontées des familles que votre fédération représente sur la difficulté manifeste s'agissant de l'accès à l'hôpital. Nous avons reçu communication de documents émanant de la direction générale de la santé (DGS) qui démontrent que l'accès des personnes âgées de 75 ans et plus aux services de réanimation, au pic de la crise, a été moindre, soit un accès proportionnellement plus faible qu'en situation normale ou qu'au cours des années précédentes. Comment avez-vous vécu cette situation ? Quelle en est votre analyse ? De nombreuses familles vous ont-elles saisies de cette question ?
Vous avez évoqué les difficultés sur le sujet de la fin de vie et la multitude de contraintes auxquelles les familles ont dû faire face pendant la crise. Vous avez parlé de fins de vie indignes. Quelle est votre perception ou votre analyse de la difficulté que pose le lien entre l'EHPAD et l'hôpital ? Vous avez déclaré que des personnes qui auraient dû être transportées de leur domicile à l'hôpital ont été envoyées en EHPAD, et que des résidents des EHPAD n'ont pas été envoyés à l'hôpital. La problématique se pose dans les deux sens. Au cours des premières semaines, on a constaté un accès limité aux hôpitaux des personnes âgées résidant en EHPAD et touchées par la maladie. Je vous interroge prioritairement sur ce point.