Puisque vous avez décrit quatre séquences, je vous poserai quatre questions.
Nous avons évolué à mesure que nous découvrions la pathologie. Il fallait trois tests pour déterminer un cluster en EHPAD. Nous considérions, par homologie avec la grippe, qu'après le dépassement d'un certain seuil épidémique, toute personne dite symptomatique était porteuse du virus. Je l'ai vécu moi-même en tant que médecin traitant en EHPAD. Du point de vue éthique, l'isolement et le confinement étaient difficiles à gérer. Comment l'avez-vous fait matériellement, notamment pour les personnes atteintes de troubles cognitifs, qui déambulent et sont difficiles à isoler ? Vous avez expliqué que, dans nombre d'établissements, on compte désormais 70 % de cas positifs et que c'était peut-être déjà le cas en avril : si tel avait été le cas, et si vous l'aviez su, comment auriez-vous fait pour isoler deux tiers des résidents, sans compter les personnels ?
Une doctrine de 2013 impose aux employeurs de disposer d'un stock dit « stratégique » d'équipements de protection, en particulier de masques, pour les cas d'épidémies d'infections graves. Vous avez évoqué les réquisitions, mais la doctrine de 2013 prescrivait un stock suffisant pour plusieurs semaines. Aviez-vous connaissance de cette doctrine ? Puisque les départements sont en charge de l'action médico-sociale, aviez-vous eu, en amont, des réunions avec les départements à propos de la constitution et de la prise en charge de stocks d'équipements de protection ?
Le turnover des personnels dans les établissements peut être une source de contamination. En tant qu'acteurs privés, pouvez-vous proposer des salaires attractifs ?
Dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, je demande une vaccination plus systématique contre la grippe, même si je ne souhaite pas la rendre obligatoire de crainte de provoquer une défiance. Entendez-vous organiser une campagne massive de vaccination dans vos établissements, voire prendre en charge le vaccin pour les soignants ?