Intervention de Florence Arnaiz-Maumé

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (SYNERPA) :

Le confinement des personnes atteintes de troubles cognitifs pose évidemment des problèmes éthiques, mais il nous apparaît vite que la question cruciale est la protection des résidents. Nous décidons donc de conseiller le confinement à nos adhérents. D'autres fédérations font le choix de demander un avis au Comité consultatif national d'éthique, qui l'a rendu fin mars. Notre choix était stratégique. Nous avons fait le choix du confinement en chambre très tôt, parce qu'au moment où nous ne pouvions pas transférer les résidents, où nous n'avions pas de test, où nous avions peur de manquer de masques, cela nous semblait être la seule solution. Il a fallu plusieurs jours aux directeurs pour mesurer ce qu'impliquait de faire du service et de l'accompagnement uniquement en chambre, d'avoir des locaux communs presque vides et d'organiser des visioconférences. C'était une façon entièrement différente de travailler. Avant d'aboutir à la conclusion que le confinement en chambre était la meilleure solution, nous avons tenté les zones covid et non covid – nous n'imaginions absolument pas, alors, que nous pouvions avoir 70 % de porteurs asymptomatiques ! Très vite, même ceux qui ont tenté de créer deux zones ont été débordés et y ont renoncé. En effet, une zone covid doit être complètement étanche et notre bâti ne s'y prête pas. La vague est arrivée tellement vite qu'en pleine réflexion, tout le monde a fait le choix du confinement en chambre, y compris les établissements que nous ne représentons pas.

Les personnes présentant des troubles cognitifs ont donné lieu à des discussions cornéliennes, notamment au sein de notre commission soins, qui s'est réunie deux fois par semaine pendant douze semaines. Comment l'imposer à des résidents qui ne savent pas ce qu'est le covid et qui veulent continuer à vivre librement ? Les unités protégées ont été protégées un peu différemment. Nous avons demandé aux responsables de l'État si, lorsque le covid entre dans une unité protégée, on peut aller jusqu'à enfermer la personne concernée. La question éthique était posée. Personne n'était heureux d'être confiné, mais quand on sait pourquoi on le fait, on l'accepte. Quand on ne comprend pas pourquoi on est obligé de rester dans sa chambre, cela devient difficile. Je n'ai pas de réponse à vous apporter sur la façon dont cela a été fait. Chacun a géré comme il a pu.

Concernant la doctrine de 2013, je sais que les établissements sont censés avoir trois à quatre semaines de stock. C'était le cas, nous n'avons pas été pris en défaut.

Lorsque la réquisition est annoncée, le 3 mars, les établissements se tournent vers leur fournisseur, qui leur répond qu'il ne peut plus rien leur vendre. Chacun n'a plus que trois semaines de stock et les tensions apparaissent. Nous avons vécu trois semaines de vols de masques et de violence entre des directions qui comptaient les masques et le personnel qui en voulait davantage. Nous avons réduit les horaires de nos personnels administratifs à quatre à cinq heures de travail afin qu'ils n'aient à porter qu'un seul masque. Des ARS ont voulu venir nous prendre des masques, ce que nous avons refusé. Éclate alors une guérilla pour obtenir des masques FFP2, les seuls à protéger vraiment. Nous avons bien des masques pour trois semaines mais les semaines passent à une allure extraordinairement rapide et l'angoisse monte. Le 20 mars, alors que les établissements n'ont plus qu'une semaine de masques, la distribution est annoncée, juste au bon moment. Je l'ai dit à maintes reprises : à ma connaissance, aucun établissement n'a manqué de masque. Le SYNERPA a créé une bourse aux masques et les grands ont aidé les petits, parce que les établissements arrivaient tout de même, par leur mairie, par des entreprises, par des dons, à récupérer des masques.

Pour l'avenir, on nous demande trois semaines de stock, mais nous encourageons nos adhérents à en avoir pour six semaines. Malheureusement, les locaux ne s'y prêtent pas : il faut beaucoup de place pour stocker six semaines d'équipements de protection individuelle.

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