. Nous n'avons malheureusement pas de chiffres consolidés, et nous n'enregistrons pas les conversations de nos adhérents. À l'époque, nous fonctionnons à flux tendus et beaucoup d'échanges se faisaient oralement, notamment les appels au secours. À peine pourrions-nous exhumer quelques mails. Les remontées sont peu nombreuses et concernent principalement le Grande-Est et la Bourgogne-Franche-Comté, car c'est là que débute la crise. De plus, je rappelle que c'est une période de congés : des salariés des ARS sont en congé jusqu'au 6 mars. Très vite, on nous rapporte des délais d'accès au « 15 » supérieurs à cinq ou six heures : nous adressons alors des notes au plus haut niveau de l'État pour demander à utiliser un autre canal. Toute la population passant par le 15, lorsqu'un répartiteur reçoit l'appel d'un médecin coordonnateur d'un EHPAD, il peut considérer que le transfert n'est pas nécessaire, précisément parce qu'un médecin s'occupe déjà du malade. Peut-être aussi que les chances de survie des patients dont on demandait le transfert étaient plus faibles.
Je ne veux pas porter de jugement, mais des adhérents des régions de Strasbourg et de Mulhouse nous appellent à cette époque pour signaler des problèmes de transfert. D'ailleurs, l'ARS d'Île-de-France, qui n'a été frappée par l'épidémie que plus tard, a tiré les leçons de cette expérience : elle a énormément anticipé et nous a ouvert des lieux de soins, demandant au secteur sanitaire de s'impliquer. Les partenariats du SYNERPA avec d'autres groupes de cliniques ont permis d'accélérer le rythme. À partir du 20 mars, nous obtenons l'ouverture des filières gériatriques. Les difficultés de transferts, qui n'ont pas été massives, ont eu lieu dans les zones géographiques tendues qu'étaient la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est, ainsi qu'en Île-de-France – mais dans une moindre mesure – et autour de Lyon. Les tensions s'apaisent autour du 20 mars.