Intervention de Florence Arnaiz-Maumé

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (SYNERPA) :

J'accueille vos remerciements et je suis sûre que les équipes, les directions d'établissement et les adhérents que je représente y seront extrêmement sensibles.

J'ai déjà mentionné le double retard pour les masques et les dépistages et je n'ai pas de réponse particulière à faire. Nous avons, comme vous, entendu qu'il n'y avait que 110 millions de masques au début de la crise et nous avons connu des difficultés d'approvisionnement tout au long de celle-ci.

S'agissant de l'utilité des masques, nous avons toujours revendiqué l'application stricte des protocoles infirmiers, c'est-à-dire leur utilité dans toutes les circonstances liées à cette maladie. Nous n'avons jamais eu le moindre doute à ce sujet. Nous avons d'ailleurs très tôt fait part de notre position aux autorités en rappelant qu'il fallait doter les personnes au contact du virus de masques FFP2. Cela n'a pas toujours été le cas, loin s'en faut, puisque la majorité des masques distribués, notamment aux services de soins à domicile, étaient des masques chirurgicaux.

La gestion de la procédure de décès en cas d'épidémie a traumatisé pour toujours les personnels des EHPAD. Après vingt ans de secteur, je ne savais pas que les épidémies de ce type imposaient une mise en bière immédiate même si beaucoup de soignants le savaient. Nous ne nous étions pas rendu compte de la violence du dispositif qui impose de ne faire aucun soin et de mettre la personne immédiatement en bière afin d'éviter toute contamination post-mortem. Dans certains cas, les familles ont pu venir, mais pas toujours. Certaines n'ont pas été prévenues, car personne n'était en mesure de le faire. Heureusement, ce ne furent que des cas ponctuels, mais ils ont été très traumatisants pour les personnels, les directions et les familles. Nous devons nous acclimater à cette procédure mortuaire très difficile. De plus, nous avons rencontré des difficultés avec les pompes funèbres, chacun voulant plus de masques pour soi. Tout était sujet à dissension.

Avant la crise, il n'a jamais existé d'outil de comptage des décès en EHPAD au jour le jour. La canicule aurait pu nous y inciter mais cela n'a pas été le cas. La déclaration de décès peut s'effectuer par deux voies : par formulaire papier CERFA à la mairie ou par voie électronique. La deuxième option étant peu utilisée, la déclaration de décès reste artisanale et met beaucoup de semaines à remonter. De l'établissement à la mairie, c'est rapide, puisque cela doit être fait sous vingt-quatre heures, mais de la mairie aux autorités chargées d'effectuer le comptable national, cela prend énormément de temps. En mode de fonctionnement normal, il faut un an et demi à deux ans pour avoir les vrais chiffres de la mortalité en EHPAD. D'ailleurs, pendant la crise, l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a cessé le comptage des décès de 2018 pour se pencher sur le comptage des décès de 2020. Pendant la crise, l'État a très rapidement créé ce nouveau dispositif. Après un bug la première semaine, tout s'est mis en place, et les remontées ont été relativement efficaces, surtout pour la deuxième partie de crise.

Les rapports entre les médecins coordonnateurs et les directions sont bons. La problématique de l'EHPAD, c'est que le médecin coordonnateur est financé à hauteur de 0,30 équivalent temps plein (ETP). Pour cent salariés, nous avons un médecin à temps très partiel, financé en tarif partiel à environ 0,30 ou 0,50. On peut arriver à 1 ETP en tarif global, mais c'est très peu. Dès lors, un médecin coordonnateur doit avoir deux ou trois sites, ce qui est épuisant. De plus, il est difficile de les intégrer dans un dispositif au sein duquel ils ne sont pas à temps plein. Il conviendrait de changer soit son temps de travail, soit ses missions. Il a douze ou treize missions dont le nombre augmente chaque année, mais on n'étend pas son temps de travail.

Nous n'attendons pas tout de l'État, bien au contraire. C'est d'ailleurs une caractéristique du secteur privé. Mais quand un arrêté de réquisition est pris et qu'on ne peut plus acheter de masques, il faut bien se tourner vers les pouvoirs publics qui ont réquisitionné pour savoir à quel moment on pourra de nouveau acheter des masques. En janvier, il n'y a pas une anticipation forte de l'achat de masques : on est sur une grippe légère.

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