Les établissements, aujourd'hui, sont surstockés. En plus de la distribution d'État, la plupart des établissements que je représente ont d'ores et déjà des stocks bien supérieurs à ce qui est demandé. Mais, à partir du 1er octobre, la livraison des masques aux établissements ne sera plus financée par l'assurance maladie. Nous avons estimé le coût de la protection covid en équipements de protection individuelle à 40 000 euros par an et par EHPAD. Qu'en sera-t-il, au 1er octobre, du financement de ces 40 000 euros de masques ? Soit il sera assuré par l'assurance maladie et nous pourrons faire l'avance des fonds, à condition que ces masques soient intégrés dans la dotation soins des établissements – c'est-à-dire que vous le votiez ou qu'un décret modifiant le décret de 2001 le permette. Soit il ne sera plus pris en charge par l'assurance maladie et, dans ce cas, qui devra l'assumer ? Est-ce au résident de financer le port du masque en permanence ? Si la section hébergement est financée par le tarif hébergement, cela pèse soit sur la section soins, soit sur la section dépendance, soit sur la section hébergement.
Si nous avions les mêmes facilités pour les tests, nous pourrions faire beaucoup de choses. Nos opérateurs ont acheté des tests salivaires et des machines pour les traiter. Ils investissent dans le monde entier pour obtenir des possibilités supplémentaires de tests, ce qu'ils ne sont pas du tout obligés de faire. Nous consacrons beaucoup de moyens pour faciliter l'accès prioritaire aux tests, mais nous ne pouvons pas le faire sans l'aide de l'État. Certes, nous avons notre part à accomplir en tant qu'opérateurs, mais l'État a la sienne. Les masques et les tests relèvent de sa responsabilité.
S'agissant de la pertinence du modèle de l'EHPAD, il convient de rappeler le profil des résidents que nous accueillons. Trois grandes offres existent pour le grand âge : l'EHPAD, l'aide à domicile et les résidences services seniors, ou résidences autonomie, modes d'hébergement pour personnes âgées autonomes, parfois en difficulté physique mais jamais psychique. De nouveaux types d'hébergement se développent pour la personne âgée autonome, qui est majoritaire en France puisque 80 % des personnes âgées de plus de 85 ans restent à domicile jusqu'à la fin de leur vie – et 20 % seulement vont en EHPAD. La plupart choisissent le domicile, d'autres, le nouveau mode d'hébergement qu'est la résidence autonomie ou la résidence services seniors, qui offre un vrai logement, complété par une possibilité d'accès aux services. Ce type d'hébergement est appelé à se développer.
Nous rêvons tous de rester à domicile, mais cela n'est pas toujours adapté pour les personnes en perte d'autonomie psychique forte, car l'aidant et la famille ne peuvent pas compter sur une offre intégrée : les SAAD et les services soignants ne sont pas toujours très coordonnés et il faut, pour adapter le logement, faire appel à d'autres services encore. La moyenne d'âge en EHPAD est de 85 ans et 50 à 60 % des résidents présentent des troubles cognitifs importants. Au regard du parc mondial des établissements pour personnes âgées, nous pouvons être très fiers de ce que nous avons réalisé en France. Nous avons des opérateurs dans de nombreux pays et nous faisons des voyages d'étude. À notre sens, la qualité d'hébergement dans les EHPAD français, dans des chambres individuelles, est très bonne en comparaison de ce qui se fait dans d'autres pays. Certes, on voudrait plus d'individualité dans du collectif.