Intervention de Jean-Paul Stahl

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 18h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-Paul Stahl, ancien chef de service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble :

Je suis professeur en maladies infectieuses au centre hospitalier universitaire (CHU) de Grenoble et ancien chef du service. J'ai été, pendant six ans, président du groupe des recommandations européennes de la société savante européenne de maladies infectieuses. Je préside actuellement le syndicat européen des infectiologues. Je suis expert dans diverses agences gouvernementales : l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (AFSSAPS), la Haute Autorité de santé (HAS), Santé publique France (SPF), et auteur de quelques rapports, dont celui qui vous occupe aujourd'hui.

À la suite d'un appel de candidatures, j'ai été « candidat désigné » par la société savante pour la représenter et nommé en mai 2017. Les travaux ont commencé en juin. Ce groupe multidisciplinaire regroupait de multiples compétences, conformément à la demande de Santé publique France. La première réunion a eu lieu en juin 2017.

Nous avons tenu cinq réunions sur le site de Santé publique France, de juin 2017 à juin 2018, entrecoupées d'échanges par téléphone et par mail. Nous avons auditionné des experts reconnus.

La saisine de Santé publique France en date du 14 novembre 2016 portait sur la grippe pandémique et les antiviraux, à l'exclusion de tout autre virus. Le stock d'antiviraux arrivant à péremption, fallait-il le renouveler, l'accroître ou le réduire, et, si oui, dans quelle mesure ? Des éléments de connaissance d'une pandémie grippale pouvaient-ils conduire à modifier ce qui avait été fait jusqu'alors ? Tous les travaux ont été menés dans l'hypothèse d'un contexte grippal. Notre groupe ayant estimé illogique de ne parler que d'antiviraux, de nous-mêmes, nous avons engagé une réflexion sur les masques et sur des médicaments comme les antibiotiques en nous demandant s'il ne fallait pas prévoir des stocks en raison des ruptures d'approvisionnement de plus en plus fréquentes.

Pour schématiser, nous avons calculé qu'il fallait une quantité suffisante d'antiviraux pour traiter 30 % de la population. Nous avons en effet retenu l'hypothèse haute d'une épidémie ou pandémie grippale touchant 30 % de la population. Le raisonnement a été le même pour la quantité de masques.

Un calcul simple nous a conduits à proposer une boîte de cinquante masques par foyer de malades, puisque nous nous inscrivions dans un contexte d'épidémie grippale. Si 30 % de la population était malade, à raison de sept boîtes de cinquante masques par foyer, nous avons calculé qu'il fallait vingt millions de boîtes. Pourquoi sept boîtes de cinquante masques par foyer ? Parce que notre groupe comprenait un responsable de la santé publique suisse qui avait rapporté les calculs faits en Suisse sur cette base, lesquels ont été corroborés par un expert en matière de masques que nous avons auditionné.

Concernant les antibiotiques, à partir de cette évaluation de 30 % de patients grippés et compte tenu de la fréquence des complications bactériennes, nous aboutissions à la conclusion de la nécessité d'un stock capable de traiter 1,5 % de la population.

Tel est, synthétiquement présenté, le rapport que nous avons produit. Validé par Santé publique France, il a été transmis par son directeur à la direction générale de la santé. J'ignore ce qu'il en est advenu, car cet aspect n'était plus de notre compétence.

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