Pour répondre à votre question sur la crise alimentaire et la crise sociale, je vous livrerai quelques chiffres sur l'action des services de l'État.
La particularité de la Seine-Saint-Denis tient en ce que la crise sanitaire s'est doublée d'une crise sociale particulièrement forte compte tenu de la précarité de la population. L'action conduite par les services de l'État s'est déroulée à trois niveaux.
Tout d'abord, sur le plan de l'accès aux soins, nous avons constaté très rapidement que des personnes atteintes de formes très graves du covid-19 se rendaient directement dans les hôpitaux parce qu'elles avaient une moindre habitude et une moindre facilité d'accès aux soins.
Face à cette situation, trois actions ont été décidées : d'abord l'ouverture de centres de consultation covid, au nombre de 55 à ce jour. Avec l'ARS, nous avons transformé des centres municipaux de santé ou créé des centres spécifiques pour en faire des points avancés de consultation covid, afin de désaturer les urgences où une grande partie des populations précaires, n'ayant pas de médecin référent, se rend très naturellement.
Ensuite, avec l'ARS 92, nous avons organisé des équipes mobiles constituées avec l'AP-HP et Médecins sans frontières qui se sont rendues dans les foyers de travailleurs migrants et ont réalisé 2 714 consultations, soit un effort significatif.
Enfin, lorsque nous avons pu déployer des tests post-confinement, l'ARS a installé des barnums de dépistage grand public dans les quartiers politiques de la ville, dont un premier à Clichy-sous-Bois, au pied des tours de Chêne Pointu, l'un des quartiers les plus difficiles de Seine-Saint-Denis. La volonté a été manifeste d'aller vers les populations pour assurer la prévention.
Le deuxième niveau est celui de la question alimentaire. Un grand nombre de personnes se sont trouvées très vite sans revenu et confrontées à des difficultés d'accès à l'alimentation, d'autant que les cantines où les enfants déjeunaient ont fermé. D'abord, nous avons essayé de faire rouvrir les points de distribution alimentaire qui, pour beaucoup, avaient dû fermer en raison de l'âge avancé des bénévoles qui s'étaient mis en retrait. Il a fallu trouver de nouveaux bénévoles et faire rouvrir les points de distribution. Ensuite, nous avons distribué, sur l'ensemble de la période, 8,4 millions de chèques d'urgence alimentaire décidés par le Gouvernement aux ménages hébergés à l'hôtel, dans les centres d'hébergement d'urgence ou en résidence sociale. Par ailleurs, en coopération avec les maires, 3,2 millions d'euros ont été distribués via les centres communaux d'action sociale. Nous avons pu nous appuyer sur les maires pour les allouer aux familles les plus précaires et les plus fragiles.
Dernier élément sur la précarité au vu de la situation spécifique du département, le Gouvernement nous avait demandé de mettre à l'abri les personnes qui étaient à la rue. La Seine‑Saint‑Denis a ainsi abrité pendant le confinement 2 139 personnes qui, soit étaient à la rue, soit vivaient dans des squats surpeuplés, et souffraient de fragilités. Au-delà des réquisitions du pôle hébergement et réservation hôtelière (PHRH), nous avons procédé à la réquisition de trois hôtels pour abriter les personnes en campement.