Fort heureusement, la période de mars-avril est derrière nous et les leçons ont été tirées. Les stocks disponibles dans les établissements de la fédération UNICANCER permettront largement de faire face, y compris en cas de deuxième vague. L'état des stocks en EPI, masques, solutions hydroalcooliques ainsi qu'en médicaments ne nous inquiète pas. Le pharmacien de mon établissement, avec qui j'ai fait le point il y a quelques heures, m'a assuré que nous avions, s'agissant du stock de masques, une avance par rapport à une situation d'utilisation normale. Face à une situation anormale, elle serait moindre, mais la marge existe.
En ce qui concerne la cartographie, nous avons colligé les informations sur neuf régions – donc neuf centres de cancer – seulement, et de manière parfois incomplète. La granularité ne nous permet pas d'étudier les zones impactées par territoires ruraux ou urbains. Il est surprenant de constater qu'il n'y a pas de lien entre l'incidence de la pathologie et la diminution du nombre de consultations pour nouveau diagnostic. L'échantillon n'est peut-être pas de taille suffisante, mais il est malgré tout assez conséquent pour en conclure qu'il n'existe pas de lien évident. Ainsi, lors de la première période, des personnes ont retardé leur consultation à Bordeaux, alors que l'incidence du covid-19 sur cette zone était relativement faible.
Il faut souligner que les téléconsultations ne sont pas une solution puisque, par définition, nous ne connaissions pas les personnes concernées. Il est arrivé, mais cela reste anecdotique, que des patients appellent car ils avaient une boule, mais demandent une téléconsultation car ils craignaient d'être contaminés en venant consulter.
Un autre point méritera d'être mesuré, celui de l'adressage à un centre expert. Comme vous le savez, ces centres experts jouent un rôle majeur dans l'accueil de pathologies compliquées. Cette mesure sera très importante car elle permettra de savoir si les patients ont consulté dans le centre idoine ou s'ils se sont dirigés vers un centre plus proche de chez eux. Cela nécessite un travail très difficile et il faudra du temps pour répondre à ces questions. Pour l'instant, l'approche est globale, non par pathologie.
Je dois avouer que je n'aurais pas parié là-dessus, mais objectivement, les pathologies à risques ou très menaçantes, comme le cancer du pancréas, ont juste connu une légère baisse de prise en charge. Globalement, c'était assez équilibré, mais imprévisible selon les régions. Dans telle région, nous avons observé une diminution de la prévalence des cancers du sein alors que les cancers du pancréas restaient stables, dans d'autres, c'était l'inverse. Cela dépend de l'impact sur les filières de recrutement, la disponibilité ou l'organisation des soins sur le territoire. C'est une simple observation, nous ne pouvons pas expliquer la mécanique du phénomène.