Intervention de Stéphane Cassagne

Réunion du mercredi 30 septembre 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Stéphane Cassagne, directeur général du métier Distribution & Express de la société Geodis :

Permettez-moi de vous présenter brièvement le groupe Geodis ce qui expliquera, en partie, le rôle que notre entreprise a joué dans le cadre de la crise sans précédent que nous traversons, et vous donnera un éclairage sur le monde du transport et de la logistique, qui reste parfois méconnu.

Il s'agit, pourtant, d'un secteur qui représente 10 % du PIB en France, 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires et près de 1,4 million d'emplois ; un secteur qui a été identifié comme stratégique et qualifié de « deuxième ligne » pendant le confinement. C'est un secteur stratégique car, sans logistique, il n'y a plus d'activité – il n'y aurait pas eu de masques ni de produits essentiels ; un secteur stratégique également parce qu'il est un support à la performance économique, privée comme publique. Enfin, c'est un secteur qui conforte la souveraineté nationale.

Geodis, filiale du groupe SNCF, est le numéro un français du transport et de la logistique, et le numéro cinq mondial. Notre chiffre d'affaires est de plus de 8 milliards d'euros et nous avons près de 41 000 collaborateurs dans le monde, dont environ 16 000 en France. Notre force est d'être présent dans tous les métiers de la logistique, le transport aérien et maritime, l'entreposage, la messagerie, avec la livraison le long du dernier kilomètre, et le transport routier longue distance, mais aussi d'être un groupe d'envergure internationale, ayant une présence forte sur le continent américain, en Europe, bien évidemment, et en Asie Pacifique. Nos équipes sont donc capables d'organiser la chaîne logistique, pour le compte d'un tiers, d'un point A à un point B dans le monde, en combinant tous les modes de transport et l'ensemble des services.

Si nous revenons aux masques, il importe de souligner que, dans la bataille mondiale à laquelle nous avons assisté, avoir pu compter sur un logisticien français a certainement été un avantage pour notre pays.

Lorsque nous avons été appelés, à la mi-mars 2020, pour organiser en toute urgence le transport de masques depuis la Chine, nous nous sommes sentis investis d'une mission au service de nos concitoyens. Les équipes de Geodis que nous avons dédiées à la mise en place du pont aérien ont travaillé jour et nuit et sont très fières d'avoir été présentes au quotidien pour nos soignants.

Au total, entre le 29 mars et le 31 août, nous avons acheminé plus de 1,7 milliard de masques. Pour être plus précis, près de 750 millions de masques ont été acheminés par voie aérienne – 48 vols ont été assurés par des Antonov 124, 50 vols par des Boeing 777 d'Air France et 15 autres vols par diverses compagnies cargos. Nous avons également acheminé un milliard de masques par voie maritime.

Je reviens quelques instants au contexte pour expliquer les raisons pour lesquelles Geodis a été appelé, en la personne de la présidente de son directoire, Marie-Christine Lombard, le 12 mars, tôt dans la matinée, par le ministère des transports. Il nous a été demandé de rejoindre la cellule de coordination interministérielle logistique (CCIL). Je vois quatre raisons principales au choix de l'État.

La première est que Geodis est une entreprise 100 % française. Même si nous avons une envergure internationale, notre berceau reste la France. Elle représente encore 35 % du chiffre d'affaires, et 16 000 de nos collaborateurs sont répartis entre 250 sites sur le territoire français.

La deuxième raison tient à la qualité de notre présence en Chine où nous sommes implantés depuis 1985 et où nous bénéficions d'équipes locales capables de soutenir de telles opérations.

La troisième raison, comme je l'ai déjà précisé, est notre capacité à combiner tous les modes de transport – l'aérien, le maritime et la distribution en France.

La quatrième raison, qui est également d'importance, est que Geodis était déjà prestataire de l'État dans le cadre de deux marchés : l'un passé avec la direction des achats de l'État (DAE), l'autre avec Santé Publique France (SPF).

Concernant le pont aérien, une première demande nous a été adressée le 19 mars. Elle a fait l'objet d'une proposition commerciale émise par Geodis le samedi 21 mars à zéro heure trente. Un accord nous a été donné, sur la base de cette proposition commerciale, le dimanche 22 mars à zéro heure vingt, pour la réalisation d'un premier vol au départ de Shenzhen le 29 mars. La solution proposée alors consistait à affréter deux Antonov 124 afin d'effectuer quatre vols par semaine entre deux points de sortie en Chine, à savoir Shanghai et Shenzhen, et l'aéroport français de Vatry. À compter du 4 avril, nous avons ajouté, avec le soutien du ministère des transports, deux vols Air France, ce qui a permis de bénéficier d'une capacité de six vols par semaine. Enfin, le 20 mai, nous avons fait partir le premier chargement par voie maritime.

La phase aval consistait à réceptionner la marchandise aux aéroports de Vatry ou de Charles-de-Gaulle, de la transporter jusqu'aux entrepôts centraux et zonaux de SPF où elle était stockée et contrôlée. Ensuite, depuis ces entrepôts, il s'agissait de livrer les 137 centres hospitaliers territoriaux de France avec l'appui des 120 agences de notre réseau de messagerie.

Comme vous l'avez indiqué, monsieur le président, Geodis a également été impliqué, en amont de cette opération et à la demande de la cellule de crise, dans la livraison en urgence des 21 000 pharmacies du territoire. Cette opération décidée le 16 mars a démarré le lendemain et s'est poursuivie jusqu'au 21 mars.

Pour conclure ce propos introductif, j'insisterai sur l'implication des équipes de Geodis, que ce soit au sein de la cellule de coordination interministérielle ou lors des opérations menées en France comme en Chine. Ces collaborateurs ont travaillé sans relâche, nuit et jour, pour que nos soignants soient ravitaillés en masques. Je profite de cette audition pour les en remercier à nouveau.

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