Comment l'État peut-il assurer un filet de sécurité pour les plus précaires ?
Une aide exceptionnelle dégagée en mai a permis d'apporter un soutien financier direct aux personnes les plus précaires.
Plus de 5 millions de personnes sont inscrites aux distributions d'aide alimentaire – sujet majeur que la DGCS a beaucoup pris en charge. Non seulement les files d'attente ont augmenté pendant la crise, mais nous avons aussi constaté un changement dans le profil des personnes concernées, avec davantage de travailleurs pauvres et d'étudiants. Nous avons augmenté de plus de 90 millions d'euros le budget consacré à l'aide alimentaire pour permettre aux associations de répondre à ces besoins.
Nous avons mis à l'abri de façon tout à fait inédite plus de 13 000 personnes sans domicile à l'hôtel. Ces établissements ne proposant pas de prestation alimentaire, nous avons acheté via un marché des tickets services, pour fournir des bons alimentaires aux personnes hébergées. Plus de 110 000 tickets services ont ainsi été distribués pour leur donner la possibilité de s'alimenter correctement – à moins que ce nombre ne désigne les personnes concernées par ce dispositif – je vous confirmerai cela par écrit ultérieurement.
La question des bénévoles des associations chargées des distributions alimentaires s'est avérée également cruciale, notamment pendant l'été. La situation a été très tendue, ce qui nous a conduits à développer la plate-forme de bénévoles de réserve civique www.jeveuxaider.gouv.fr. De plus, dès le début de l'été, nous avons demandé à l'ensemble des préfets de réunir toutes les associations et chambres d'agriculture de leurs territoires ainsi que tous les acteurs concernés par les distributions d'aide alimentaire, pour s'assurer qu'il n'y avait pas de « trous dans la raquette » et que l'aide alimentaire était sécurisée pour l'été.
Cette structuration de l'aide alimentaire se poursuit. Nous avons demandé aux préfectures de continuer, afin d'éviter que des personnes n'aient pas accès aux biens alimentaires nécessaires.
S'agissant des annonces du Premier ministre, une clause de « revoyure » est fixée prochainement, à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, avec l'annonce d'un « acte II » du plan pauvreté, en cours d'élaboration.
Je ne dispose pas du nombre de professionnels mobilisés en soins palliatifs, mais nous regarderons cela de près avec nos collègues de la direction générale de l'offre de soins (DGOS). Cela rejoint la question plus globale de la mobilisation des dispositifs sanitaires que j'ai évoquée plus haut. L'hospitalisation à domicile (HAD) en EHPAD a été très utilisée pendant la crise. Cette possibilité sera prolongée jusqu'au 31 décembre. Des équipes mobiles sanitaires ont également été déployées, qui ont pu venir s'ajouter aux équipes de soins palliatifs dans les EHPAD.
Dans les quinze premiers jours de mars, 25 millions de masques ont été distribués aux établissements de santé, et non au secteur médico-social. Cela tient à deux raisons. Les autorités politiques ont pensé qu'il était essentiel que le système de soins tienne. En effet, s'il s'effondrait, l'ensemble de nos systèmes s'effondrait. La priorité a donc été donnée aux établissements de santé. Les EHPAD avaient en outre déjà l'habitude d'utiliser des masques, notamment à cause des épidémies grippales. Ils disposaient donc normalement de quelques stocks.
La distribution des masques a commencé de façon massive auprès des EHPAD le 16 mars, avec 500 000 masques distribués par jour. Ce chiffre a ensuite augmenté à partir du 13 avril pour atteindre les 600 000 masques distribués par jour dans ces établissements. Il s'est donc bien produit un décalage dans la distribution de masques, entre les établissements de santé et le secteur médico-social.