Intervention de Sophie Auconie

Réunion du mardi 20 octobre 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Auconie :

Concernant les masques, tout a été dit. Cependant, j'aimerais insister sur un point. Des centaines de millions de masques ont été détruits parce que mal stockés et abîmés en raison d'une durée de stockage non gérée. Dans une entreprise privée, le principe du stockage FIFO, First In First Out, contribue à une gestion efficace et efficiente des stocks. En l'espèce, cela n'a pas été le cas. Or, au-delà du manque de masques pour les personnels soignants, les forces de l'ordre et tous ceux qui étaient présents sur le terrain, les soldats du front, il s'agit de fonds publics. J'ai entendu parler de « stocks connectés ». Ce sont de jolis mots, mais, même si j'ai bien compris qu'il n'y avait pas de responsable dans cette terrible affaire des stocks de masques, j'aimerais savoir si de véritables mesures ont été prises pour faire en sorte que plus jamais cela n'arrive.

Par ailleurs, quand on les interroge, les anciens ministres ou premiers ministres, et plus généralement la gouvernance nationale de la santé, quelles que soient les institutions, déclarent que l'organisation territoriale de la santé est très satisfaisante. Pourtant, si l'on interroge les acteurs locaux, les élus et l'ensemble de ceux et celles qui s'occupent de la santé dans les territoires, nous sommes très loin de ce satisfecit. Êtes-vous satisfait de la manière dont les ARS interviennent dans les territoires ?

Voici un exemple. La direction d'un organisme de la Région Centre-Val de Loire disposait, au moment du confinement, d'un stock important de masques FFP2 et de masques chirurgicaux. Elle a appelé à dix reprises l'ARS Centre-Val de Loire, sans obtenir la moindre directive sur la manière dont elle pourrait redistribuer ces masques aux services hospitaliers. C'est sur sa propre initiative qu'elle les a donnés à un hôpital – cette direction ne souhaite pas être identifiée, par peur des représailles. Voilà qui dénote une atmosphère particulière et qui montre que l'analyse de la situation, premièrement, n'est pas objective de la part de la gouvernance nationale de la santé et, deuxièmement, ne permettra pas d'améliorer l'organisation territoriale. On ne fait pas face aux réalités territoriales ; je le regrette infiniment.

Enfin, M. Raoult a déclaré, lorsque nous l'avons auditionné : « Le problème d'un ministre, c'est qu'il ne reste pas très longtemps : il faut donc être extrêmement attentif à la qualité des directeurs qui constituent sa garde prétorienne. Si ces derniers n'érigent pas un mur entre le ministre et le flot permanent d'informations alarmantes, si personne ne traite les données de manière efficace et sérieuse, alors le ministre est exposé d'une manière insupportable. […] Même si le ministre écoute ce que je lui dis, il a d'autres sources d'information. » Êtes-vous certain d'être le bon filtre pour notre ministre, aujourd'hui ?

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