J'étais en début de semaine dernière à Wuhan, où la situation est redevenue normale. Il y a même moins de contrôles qu'à Shenzhen où je me suis rendu la semaine suivante. Cependant, je l'ai dit en propos liminaire, « la normale » n'est pas la normalité d'avant la crise. Pour voyager, par exemple, nous devons nous soumettre à des contrôles de température, notamment via l'application StopCovid locale. Les contraintes restent assez fortes mais nous pouvons tout de même considérer que nous revenons à la normale.
Les Français qui se rendent en Chine sont soumis à une quarantaine et doivent fournir à la compagnie aérienne deux tests négatifs de moins de 48 heures, qui doivent être certifiés par l'ambassade de Chine. Nous avions assoupli les règles mais, depuis quelques jours, nous sommes redevenus plus sévères et il n'est pas évident de remplir les conditions pour revenir. Le pays est géré comme une résidence fermée, les allées et venues sont contrôlées. On ne prend pas le risque de laisser une personne se déplacer sans qu'elle se soit fait tester. À mon retour, au mois d'août, j'ai été testé trois fois sur le parking.
S'agissant des échanges que nous avons eus, non seulement avec le ministère des affaires étrangères, mais aussi avec celui de la santé, nos contacts ont été de plus en plus réguliers. Depuis le 23 janvier, nous faisons des points quotidiens sur la situation sanitaire. Au moment de l'évacuation des ressortissants, nous avons organisé des visioconférences avec la cellule de crise plusieurs fois par jour, ce qui nous a également permis d'évoquer la situation sur place.
Nous faisons également, depuis le 20 février, un point quotidien sur la situation économique, pour le ministère de l'économie et des finances mais aussi pour les entreprises françaises implantées en Chine.
Le 4 mars, nous avons dressé un retour d'expérience sur notre propre organisation face à la crise, pour l'ensemble des postes diplomatiques. Nous avons par ailleurs présenté la chronologie de la crise et les mesures prises en Chine. Le 16 mars, nous avons procédé à une analyse croisée des présentations par la Chine et l'OMS de la situation.
Le flux des échanges avec le ministère de la santé a été quasiment constant. Nous avons fait un point thématique au moins une fois par jour, notamment pour tout ce qui est lié à l'approvisionnement en médicaments et à l'équipement en protections médicales. Nous avons également beaucoup discuté des stratégies de confinement et de déconfinement, de la manière dont les activités économiques avaient pu reprendre en Chine, de la réouverture des écoles là où elles avaient été fermées un peu plus tôt – les écoles n'ont repris à Pékin qu'en septembre -mais aussi du tourisme et des activités de loisir.
Des webinaires ont été organisés assez régulièrement avec la communauté française, pour dresser le bilan de la situation, ce qui a pu être une source d'angoisse pour la communauté, car nos décisions variaient parfois d'un jour à l'autre et nous étions obligés de les mettre à jour très souvent, parfois le week-end.
S'agissant de la transparence des informations délivrées par les autorités chinoises, on peut distinguer deux moments, durant la période de la crise. La transparence a été renforcée à partir du 21-23 janvier. Nos collègues du ministère de la santé considèrent qu'elle a été plus importante et plus rapide qu'au moment de la crise du SRAS. Il demeure que la transparence des informations a été insuffisante car, pendant un certain temps, cette crise a été, soit cachée au niveau local, soit insuffisamment partagée.