Le Président de la République a présenté le Conseil scientifique comme la structure sur laquelle il veut s'appuyer en priorité. Dans un avis publié le 5 juin, ce Conseil scientifique estimait que le scénario d'une épidémie sous contrôle dans les mois suivants était le plus probable, mais expliquait que les pouvoirs publics devaient aussi se préparer activement et anticiper des scénarios plus pessimistes pour ne pas se retrouver dans la même situation que le 12 mars, lorsque le premier confinement a été décidé. Malheureusement, un deuxième confinement a été instauré, avec son cortège de drames. Dans la gestion de la crise, on peut constater de nombreux dysfonctionnements et couacs, ainsi qu'un manque de concertation évident. Beaucoup d'observateurs étrangers voient en France une « technocratie en folie », à l'instar du journal allemand Die Zeit qui nomme notre pays « l'Absurdistan ». Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, répétait qu'un nouveau confinement généralisé ne serait ni possible ni souhaitable, car il ne serait pas accepté par la population et aurait des conséquences économiques et sociétales très lourdes ; en cas de besoin, il envisageait plutôt un confinement partiel, conseillé notamment aux populations plus âgées et à risques. Ma première question est donc précise : pourquoi ne pas avoir choisi cette option ?
Ma deuxième question porte sur les études scientifiques et économiques sur lesquelles vous fondez maintenant vos décisions. Vous disiez qu'il n'y avait pas que le Conseil scientifique. Vouliez-vous parler du Conseil de défense, dont le fonctionnement nous apparaît totalement opaque ? Vous fiez-vous toujours au Conseil scientifique, ou regardez-vous du côté du Haut Conseil de la santé publique ?
Enfin, je n'ai pas encore tout à fait compris qui prenait réellement les décisions. Qui décide, au sein de l'exécutif ? Le Premier ministre ou le Président de la République ?
Le 27 octobre, monsieur le Premier ministre, vous avez reçu les chefs de partis et de groupes politiques dans le cadre d'une concertation. Nous attendions que vous nous présentiez des options, mais vous vous êtes contenté de nous écouter. Le Président de la République a annoncé des décisions le lendemain. Le 27 octobre, connaissiez-vous précisément les décisions du Président de la République ? J'aimerais simplement savoir si, alors que vous ouvrez des concertations avec de nombreuses organisations, notamment avec les forces politiques, vous prenez in fine les décisions ou si ces dernières relèvent du Président de la République.