Vous avez à juste titre appelé au sens des responsabilités, monsieur le Premier ministre. Chaque fois que le Gouvernement a demandé à l'Assemblée nationale l'autorisation de confiner la population, nous l'avons suivi. C'est cet esprit de responsabilité qui nous a amenés à considérer que, à situation exceptionnelle, réponses exceptionnelles, et qui nous autorise aujourd'hui à vous dire que certaines choses ont « cloché ».
Vous avez dit que l'acceptabilité de la situation diminue avec le temps, ce qui est une évidence, mais elle diminue d'autant plus que la confiance fait défaut. Nos concitoyens ne comprennent pas : pourquoi avoir mis tant de temps à insister sur la nécessité du télétravail ? Le MEDEF, comme on l'entend souvent, a-t-il joué un rôle négatif en la matière ?
Deux de mes fils sont étudiants. Dès la rentrée universitaire, les amphithéâtres étaient bondés. Nous avons tous évoqué cette situation dans l'hémicycle. Pourquoi avoir mis tant de temps à limiter le nombre d'étudiants ou à favoriser leur distanciation ?
En se situant au quatre-vingt-treizième rang des départements atteints, les Pyrénées-Atlantiques ont été épargnées par la première vague, avant de connaître une flambée. Pourquoi ne pas avoir interdit les déplacements depuis les huit métropoles ? Un nombre considérable de personnes se sont déplacées lors de la Toussaint. Nous savions qu'il en serait ainsi et nous aurions pu l'anticiper.
Nous n'ignorons pas que la France manque d'une véritable culture du risque. Si les dispositifs ont fonctionné, c'est parce que les préfets, eux, ont cette culture, alors que ce n'est pas le cas d'autres administrations, notamment des Agences régionales de santé (ARS). Le code de santé publique confère aux préfets un certain nombre de prérogatives en cas de situation exceptionnelle. Pourquoi ne leur a-t-on pas donné autorité sur les ARS ?