Intervention de Aurélie Gibert

Réunion du mardi 27 août 2019 à 15h05
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Aurélie Gibert :

Nous avons eu un parcours un peu compliqué pour concevoir ces enfants parce que nous étions des clandestines dans notre pays. Quand nous avons commencé à avoir ce projet-là, c'était il y a une dizaine d'années, honnêtement, je ne connaissais pas de famille homoparentale. Nous avions des amis qui étaient homos, mais personne n'avait d'enfants. Dans les médias, je n'avais jamais trop entendu parler de ce sujet. Nous ne savions pas trop comment il fallait faire ; nous allions sur internet, nous avions l'impression de faire un truc un peu hors-la-loi. Nous discutions. Comme disait Sophie, c'était important pour nous, nous ne voulions pas forcément qu'il y ait une tierce personne dans notre famille, mais nous avions envie que nos enfants aient accès à leurs origines. Nous avons choisi d'aller aux Pays-Bas. Ce n'était pas simple parce que nous vivons dans le sud de la France, il aurait donc été plus facile d'aller en Espagne. Concrètement, c'est très compliqué pour des couples de femmes aujourd'hui de pouvoir réaliser ce parcours, parce que déjà, on est clandestines, il faut trouver un médecin qui est sympa et qui veut bien nous suivre en France même s'il n'a pas le droit, de nous prescrire certains examens, etc. Nous avons un suivi d'ovulation depuis la France et prenons un rendez-vous quand c'est le moment, et on nous dit « Venez demain ». Oui, nous habitons à Montpellier, donc « venez demain à Amsterdam ». Nous appelons donc nos employeurs : « Nous ne serons pas là aujourd'hui, nous ne serons pas là demain, peut-être après-demain non plus ». Au dernier moment, nous trouvons un train, faisons 6 heures de train. Nous prenons un train de banlieue. Arrivées à Amsterdam, nous prenons un bus, épuisées, stressées, dans les pires conditions, je pense, pour faire une PMA. Nous avons dépensé toutes nos économies. Et à côté de chez nous, il y a un hôpital, à 15 minutes en voiture qui donne accès à ces techniques pour des femmes, mais qui elles, ne sont pas homosexuelles. Pourtant, nous sommes des citoyennes comme tout le monde, qui participons à la vie publique, à la vie de la collectivité et nous n'y avons pas accès. C'est extrêmement frustrant, nous nous sentons vraiment des sous-citoyens et nous sommes révoltées de vivre ça et de devoir concevoir nos enfants dans ces conditions.

Nous sommes très contentes que la situation change pour les prochains couples de femmes. Personnellement, nous avons deux jolies petites filles mais il faut que ça change, il faut faire avancer la société. Comme monsieur le disait, on est quand même très en retard par rapport à d'autres pays autour de chez nous. Je ne sais pas combien de temps j'ai parlé, je peux vous en parler encore longtemps. Je vais laisser la parole à mes collègues.

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