De la même façon, l'histoire se construit en même temps que le secret. C'est-à-dire que si ce n'est pas un secret dès le départ, il n'y a jamais d'histoire à ce sujet. Qu'en pensent les parents ? Je rencontre des parents. Je vois surtout qu'à partir du moment où ce mode de conception n'est pas un problème, il n'y a pas de problème. Ça paraît bête à dire, on enfonce des portes ouvertes. En réalité, dans le cadre de la PMA dans les couples hétérosexuels, il y a quelque chose dont on ne parle pas beaucoup : c'est la stérilité du père. La stérilité du père, c'est quelque chose de très douloureux pour les pères.
Mon père avait dit à ma mère que c'était une cause de divorce : « si tu lui dis, c'est une cause de divorce ». Derrière la douleur de la stérilité, la douleur d'avoir dû déléguer une paternité biologique, il y a dans l'inconscient du père stérile le fait de ne pas avoir été capable, d'avoir été impuissant, c'est une transposition, mais c'est un peu ça : le père n'a pas été capable de donner un enfant à sa femme. Quand ça vient des enfants et que ce sont les enfants qui apaisent les parents, et c'est souvent comme ça que je vois les choses, alors les parents n'ont aucun problème. L'apaisement vient des enfants, ils disent aux parents « tu sais, ce n'est pas un problème, moi, tu es mon père, tu es ceci, tu es cela ». À partir du moment où ce sont les enfants qui sécurisent les parents, je vois beaucoup de parents de mes amis qui sont issus de PMA qui n'ont aucun problème, qui viennent témoigner, qui soutiennent leurs enfants. Je pense que ça vient de là : on en a fait un problème du coup, ça pose un problème. Ça vient souvent des enfants aujourd'hui parce que la société n'a pas encore fait le pas de dire que ce n'est pas si grave que cela.