Intervention de Guillaume Jouanny

Réunion du mardi 27 août 2019 à 15h05
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Guillaume Jouanny :

Je vous remercie de votre question. Nous sommes dans l'intime de toute façon. Je suis venu pour répondre à toutes les questions, il n'y a pas de susceptibilité mal placée. Cela ne me paraît pas contradictoire. Je ne défends pas la DAV, je la défends si elle existe pour les couples hétéroparentaux. C'est la première chose. Je vois que dans l'acte civil, c'est quand même très romancé. J'essaie de choisir mes mots. C'est de la fiction. Nous n'allons pas faire concurrence à l'acte civil. Je pense que de ce point de vue, nous l'avons vu tout à l'heure, nous disions que les enfants de divorcés étaient un pour mille et aujourd'hui, un pour deux, enfin, 50 % des enfants. Ce n'est pas à moi, je pense que vous entendrez des sociologues s'exprimer, mais la famille évolue. Il y a eu le mariage pour tous, il y a plein de trucs. Des choses nous paraissent aujourd'hui évidentes, pour la plupart, mais ne l'étaient pas il y a encore dix ans. Il y a toujours trois étapes, ce qui est très intéressant d'un point de vue sociologique : la science qui commence à dire « on peut faire cela ! c'est génial ! », puis les consciences qui disent « tu as vu ? Ils font n'importe quoi ! ». Finalement, ça rentre un peu dans l'ordre. En dernier recours, le législateur dit « il va falloir que nous nous organisions. Les médecins ont fait leur tambouille, plein d'enfants sont nés, et maintenant, nous devons légiférer ». La science avance plus vite que les consciences qui elles-mêmes, avancent plus vite que les lois.

La loi, ou l'acte civil, doit évoluer. Il est important de faire comprendre aux parents que ça ne les met pas du tout en danger. J'ai eu un peu cette discussion avec mon père, mais j'avais 24 ans quand il est mort. C'était peut-être encore un peu jeune, je n'avais peut-être pas la lumière à tous les étages. J'aurais aimé le rassurer, lui expliquer et lui dire « tout ce que je fais, fais-le avec moi, tu es mon père, ça ne le remet pas du tout en question. Trouvons, toi et moi, une place pour moi dans cet acte civil. »

Là où c'est blessant, et c'est exactement ce que vous avez dit, est qu'aujourd'hui, nous pouvons être assimilés, et mes parents l'ont été, à des couples adultérins. En plus, mes parents avaient une grande différence d'âge et ma mère était l'étudiante de mon père, enfin, n'importe quoi. Classique. Mais ils sont restés jusqu'à ce que la mort les sépare. On leur a beaucoup reproché, l'Église catholique disait à l'époque « l'adultère sans joie ». C'est quand même extraordinaire ! Ce n'est pas un couple adultérin. Ce n'est pas une faute. Nous n'avons pas été conçus dans une faute. Ce n'est pas le facteur qui a mis du temps à livrer son colis. C'est un projet parental, une décision réfléchie. Mes parents ont mis huit ans avant de m'avoir. Ce n'est pas « tenez votre lettre, attendez, j'ai du temps dans ma tournée », ce n'est pas cela. Ce n'est pas un couple adultérin. Le fait de faire comme si et vous l'avez très bien dit, nous y assimile quand même un peu « oui, mais on va romancer. Finalement, il est stérile, mais ç'a aurait pu, on va faire comme si ». La famille évolue, ça doit évoluer.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.