Je rebondis sur la question sur l'accès aux origines. Je crois que dans le projet de loi, une commission est en cours d'élaboration. Entre les enfants adoptés et les enfants issus de PMA avec don, il y a une différence majeure, c'est qu'il n'y a pas d'abandon avec l'AMP, il y a un don. C'est une figure de style, mais c'est assez important. J'ai des amis qui ont été adoptés, il y a toujours cette problématique de « pourquoi ai-je été adopté ? On n'a pas voulu de moi. » Il y a une souffrance qui y est liée que nous n'avons pas du tout puisque nous sommes issus d'un projet d'amour de deux personnes qui s'aiment et qui s'aiment fortement. Quand on connaît les parcours, il faut quand même être solide dans son couple pour arriver à la fin de tous ces obstacles.
Je suis là aujourd'hui à titre personnel. J'ai interagi avec beaucoup de gens dans une association qui regroupe beaucoup de personnes issues de dons comme moi et ça me fait un bien fou. Cela m'a fait beaucoup de bien et j'essaie maintenant à mon petit niveau de témoigner, d'écouter. Nous avons créé des cercles de paroles, nous avons écrit des modèles de rencontre. Aujourd'hui, comme tout se fait à la sauvage avec des tests qui sont interdits en France, que tout le monde fait en France, je pense qu'il faudrait étendre les rôles de cette commission à l'accompagnement des individus nés par don, mais aussi des parents, et pourquoi pas des donneurs. Les donneurs ne sont pas préparés. La figure qui revient toujours est « tu imagines, il va revenir frapper à ma porte en disant “papa” ». Tout le monde dit cela. Ce soir, vous allez à un barbecue – puisque c'est encore le temps des barbecues –, vous parlerez avec votre voisin « ouais, mais il va frapper à ta porte en disant “papa” ». « Papa du tout ! » Vraiment pas, cela n'a rien à voir. Il faut éduquer les donneurs, ce qui commence peut-être au moment du don. Le don, et je suis totalement d'accord, ce qui va changer est le profil des donneurs. Vous verrez qu'avec le profil des donneurs, le nombre de donneurs, je pense, augmentera. Je ne peux pas concevoir donner mes gamètes – je suis biaisé, forcément – sans que ce geste soit altruiste. Comment ce geste peut-il être totalement altruiste s'il ne va pas dans l'intérêt supérieur de l'enfant qui va naître ? Quand on sait que l'enfant qui va naître va devenir adulte, va se poser des questions et peut potentiellement souffrir de ne pas connaître son identité, on ne doit donner que si ce don est responsable et que si ce don n'est pas anonyme. On donne autre chose que ces 3 ml qui rendent heureux pour toute la fin de la journée. C'est plus compliqué que cela et doit être plus responsable. Je pense que ce doit être responsable au moment du don. Et au moment du don, il doit y avoir une préparation des parents, du couple receveur, mais aussi des donneurs.