Une réponse qui n'est pas des plus faciles, mais on a tendu la perche à propos du titre 2 « Encourager à la solidarité, oui, mais en se gardant d'une dérive utilitariste ». La phrase est courte, et effectivement, votre question, votre demande de précision n'est pas surprenante. Cela découle de la lecture sans doute attentive de l'évolution de la loi en matière de solidarité interhumaine et de réponses possibles à la question terrible du déficit de greffons, du manque de greffons – pour ne pas employer le terme de pénurie d'organes, qui est un terme très fort du domaine marchand. L'argumentaire, qui vise à expliquer l'évolution impressionnante des dons croisés qui va pouvoir intervenir dans le futur, paraît être fortement mathématique. Il est fort, il est convaincant, on le comprend, mais il est fortement mathématique. Cet argument mathématique vient faire dire à certains qu'il y a là une position éthique, un argumentaire éthique qui n'est peut-être qu'utilitariste. Le terme « utilitariste » est souvent mal interprété par la population, par certaines personnes.
Certes, il y a une éthique utilitariste. Elle existe et elle est tout à fait respectable. Ce n'est pas la seule voie de réflexion, en tout cas, ce n'est pas la seule voie d'information en direction des patients, des familles et des donneurs. Certainement. Il y a là une traduction à faire pour que la réflexion soit portée non seulement par des calculs, mais aussi par un questionnement au plus près de l'humain. Est-ce que je suis suffisamment claire ? Je ne sais pas. Peut-être ai-je été sensibilisée par la question de la formation au cœur des comités « donneur vivant » que l'on ne dit plus « experts » parce que le mot faisait chagrin, pour ne pas dire débat ou polémique. Ces comités donneur vivant rencontraient des personnes qui avaient besoin d'explications claires, profondément humaines, qui ne pouvaient pas être basées que sur le calcul d'un intérêt collectif, certes présent et à prendre en compte.