Ce sont deux petits points plus techniques et scientifiques. D'abord, je vous rejoins sur la nécessité d'une meilleure communication, d'une meilleure formation et d'un meilleur message à donner dans ce pays en termes de lien entre l'environnement et la santé, avec son corollaire la reproduction, la fertilité. Effectivement, nous voyons une chute de fertilité assez constante, comme dans toutes les sociétés, malheureusement. Les chiffres sont connus, puisqu'environ un couple sur sept a un problème de fertilité, avec une équiproportion entre origine paternelle et origine maternelle. C'est pour cela que lorsque vous faites mention d'un traitement anti-stérilité – je ne sais pas à quoi vous faites référence – dont le remboursement serait supprimé, cela me laisse un peu songeur. Je prends pour exemple le fait qu'une partie des stérilités masculines est due à des microdélétions du chromosome Y. J'aimerais bien savoir quel traitement anti-stérilité pourrait corriger ce type de stérilité.
Ensuite, sur l'embryon, je n'ai pas vu de disposition très marquante dans le projet de loi de bioéthique quant à son utilisation à des fins de recherche. Nous sommes rigoureusement dans le maintien de ce qui existe, c'est-à-dire une soumission à autorisation à travers l'Agence de la biomédecine. Il doit y avoir trois, peut-être quatre laboratoires en France, sur des programmes analysés et étudiés par les commissions ad hoc qui ont l'autorisation de travailler sur un embryon au stade préimplantatoire, avec un but qui me semble louable, celui d'essayer d'améliorer les statistiques de succès de la fécondation in vitro, afin d'améliorer l'implantation et d'essayer de comprendre pourquoi cela fonctionne si mal. La seule avancée est qu'aujourd'hui, dans ce texte, on transforme l'autorisation en simple déclaration lorsqu'on souhaite utiliser une cellule souche embryonnaire et les lignées de cellules souches embryonnaires qui en sont dérivées, ce qui me semble tout à fait louable. Vous comme moi, nous sommes très heureux de savoir que nos collègues travailleront dorénavant plus facilement sur des lignées cellulaires immortalisées, plutôt que sur des embryons surnuméraires.
Il est important qu'il en soit ainsi, parce que je rejoins ensuite le terme que je viens d'entendre, celui de « cellules IPS ». Les cellules IPS, vous leur donnez beaucoup de vertus. J'aimerais bien que nous en soyons là au niveau de la recherche, mais nous n'en sommes pas du tout là. C'est bien pour cela qu'il faut poursuivre la recherche sur les cellules souches embryonnaires, sur ces lignées, afin de comprendre ce qui fonctionne ou non avec les cellules IPS. Le travail à accomplir est important. Si demain, en prenant des cellules somatiques, des cellules de peau d'un homme atteint de stérilité, je pouvais à travers ces cellules IPS lui produire in vitro ses propres spermatozoïdes, en tant que scientifique, j'en serais le plus heureux.