Intervention de Haïm Korsia

Réunion du jeudi 29 août 2019 à 15h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Haïm Korsia, Grand Rabbin de France :

Certes, mais en l'espèce cela concernait des migrants, et ce n'était pas pour l'octroi de la nationalité maist dans le but de limiter le nombre de personnes qui arrivent en France. C'était un temps très précis de notre histoire récente. Je me suis opposé à cela. J'ai bien à l'esprit qu'il y a une différence, même si je me méfie de cette obsession de vouloir tout déterminer par la génétique. Nous ne sommes pas que génétiques, et vous avez absolument raison de dire que la filiation repose essentiellement sur la présomption. Sauf que j'ai mémoire de quelques études, faites notamment au Centre d'études de l'ADN de Bordeaux, qui montraient que globalement dans la population, 15 % des gens n'étaient pas les enfants de leur père, et que, parmi ceux qui demandaient et qui avaient donc une légère suspicion, le taux était 35 %.

Mais pensons bien que dire que la filiation est sociale, c'est simplement l'inscrire dans l'histoire du monde. L'histoire du monde, c'est une femme qui accouche d'un enfant et qui dit : « Voici ton père. » C'est ce qu'explique Freud : c'est la mère qui désigne le père. Et de ce point de vue, la famille est aussi une construction sociale. C'est pourquoi je vous dis, avec d'autres – pas que des religieux mais des sociologues, des psychologues, des psychiatres : attention à ne pas revenir qu'à une question de gamètes, c'est-à-dire une question technique. Il y a aussi une façon d'orienter, une façon de mettre des repères, et ce n'est pas que l'affaire du père – j'ai pu écrire dans le texte que je voulais proposer que « c'est le père qui est le repère », parce que c'est un joli jeu de mots et cela me plaisait bien. Sur le principe, la famille est une fondation sociale. Aller s'enfermer dans la technique, c'est oublier tout ce qui est attente et apaisement – j'ai bien aimé cette idée.

Oui, il faut réfléchir au type de familles que l'on construit, même si la vie fait que toutes les familles sont différentes. Le pasteur Clavairoly parlait des familles monoparentales qui sont dans des situations de précarité, on le sait bien, à cause du surcoût du logement et de nombreux autres facteurs. C'est pourquoi il faut accompagner ces personnes les plus faibles.

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