Intervention de Pr Jean-Jacques Zambrowski

Réunion du jeudi 29 août 2019 à 17h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Pr Jean-Jacques Zambrowski, ancien Grand Chancelier de la Grande Loge de France :

Vous avez choisi d'utiliser le terme AMP, c'est-à-dire « assistance médicale à la procréation ». On peut s'interroger sur ce qui est plus important, c'est-à-dire le terme premier : est-ce une assistance ou est-ce la procréation ? Dans la PMA, c'est la procréation qui est première, et il se trouve qu'elle est médicalement assistée parce que, physiologiquement, elle ne fonctionne pas bien. Mais c'est bien la procréation qui est première, et l'intention du couple – homosexuel, hétérosexuel ou post mortem ou tout ce que l'on voudra – c'est donner la vie. Dans l'AMP, c'est le côté assistance qui est premier, et là une question philosophique pourrait être soulevée – on s'en remet, comme on dit, à la sagesse du Parlement, mais c'est loin d'être anodin. Ce choix d'un terme a quelque chose qui pourrait être lui-même source de questions. Le médecin que je suis, le père que je suis, pense que la procréation est première et que l'assistance n'est que le moyen technique qui nous permet de faire ce que la nature ne permet pas.

La question de l'origine est également essentielle, parce que chacun d'entre nous, même s'il ne l'exprime que tardivement, veut savoir d'où il vient et que, dans une société qui est aujourd'hui fracturée, la question de savoir de qui on vient, d'où l'on vient, est première, indépendamment de « qui m'a élevé ». Certes, celui qui reçoit du sang ou des cellules, ou d'autres éléments, ne sait pas d'où vient le flacon de plasma ou le concentré globulaire. Mais là, il s'agit de quelque chose de plus essentiel, qui est la vie elle-même : les gamètes, le patrimoine génétique dont nous sommes porteurs. Et dans ce cas-là, chacun doit pouvoir avoir accès à ses origines – en tout cas pour un don postérieur à la mise en œuvre de la loi – et l'Agence de biomédecine, ou toute institution qui se substituerait à elle, doit détenir ces informations et y donner accès à ceux qui en éprouveraient le besoin à un quelconque moment. Car l'on s'aperçoit que le défaut de connaissance est générateur de troubles profonds, psychologiques puis qui se somatisent, de troubles identitaires, et que c'est une discrimination qui nous paraît devoir être réglée par le dispositif législatif.

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