Votre question montre le seuil très fin entre ce qui est de la prédiction et ce qui est de la prévention. Certains travaux en éthique disent que la prédiction est égale à la prévention. C'est faux. Avec la prédiction, on fabrique de l'incertitude, qui est source d'angoisse et ouvre probablement la voie à des tentations d'eugénisme. Là encore, il nous faut engager une action de pédagogie par rapport à nos citoyens qui font la démarche consistant à donner une goutte de salive pour savoir d'où ils viennent et ce qui pourrait leur tomber sur la tête, afin de leur expliquer que nous ne sommes pas que des gènes. Nous sommes un équilibre tout à fait unique dans un environnement fluctuant ; la normalité n'existe pas, l'équilibre est constant pour chacun, mais cela peut être bouleversé – on le sait, il y a des frères jumeaux qui ne feront pas les mêmes maladies. Il faut expliquer cette subtilité par rapport à ce qui touche le génome. Et peut-être un jour, ces personnes qui ont voulu savoir et qui ne se sont pas interrogées avant d'agir seront victimes sur les réseaux sociaux de leur curiosité. Cela se voit déjà : des personnes sont extrêmement déçues d'avoir reçu des informations qu'elles n'arrivent pas à gérer. Il faut donc conduire un travail de réflexion éthique, même si – je le disais tout à l'heure – il y a probablement des domaines où malheureusement les choses nous échappent.