Intervention de Pr Jean-Jacques Zambrowski

Réunion du jeudi 29 août 2019 à 17h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Pr Jean-Jacques Zambrowski, ancien Grand Chancelier de la Grande Loge de France :

Un mot par rapport à l'intelligence artificielle et à ce qui restera de nos carrières. Vous avez pu lire ce qu'ont écrit sur ce sujet deux chirurgiens urologues, Laurent Alexandre et Guy Vallancien, qui s'intéressent beaucoup à ces sujets et qui les connaissent fort bien. Guy Vallancien, à qui nous devons de nombreuses contributions sur l'intelligence artificielle, dit : « les médecins, en tout cas les spécialistes, disparaîtront possiblement dans les prochaines décennies » parce que, comme cela a été dit tout à l'heure, les machines feront tel ou tel acte, liront telle ou telle image plus vite et mieux. Ce n'est pas tout à fait vrai, naturellement, c'est une caricature, mais une partie de leur activité sera remplacée par les machines. Sauf qu'une machine ne sait pas rassurer. Une machine ne sait pas avoir d'empathie. Une machine ne sait pas – c'était la question de M. Marilossian – lire la détresse dans les yeux d'un patient et lui apporter une réponse appropriée. Si par hasard la machine sait le faire, cela ne serait que parce qu'on l'aurait programmée pour cela, et non par une réaction spontanée qui viendrait de sa conscience et de ses valeurs, pour la raison très simple qu'une machine, si sophistiquée soit-elle, n'a pas intrinsèquement de valeurs. Elle ne peut être porteuse que de celles qu'on lui aura implantées, c'est-à-dire un modèle répétitif, décliné de manière subtile, à l'infini, mais rien de ce qui ressemble à notre spontanéité, à notre spiritualité, qu'elle soit religieuse ou pas. C'est pourquoi vous avez entendu une forme d'unanimité – cela peut en surprendre quelques-uns – dans les points de vue qui vous ont été présentés. Même si notre sensibilité se nourrit à des sources différentes, nous exprimons globalement la même préoccupation : c'est placer l'homme, l'humain – l'homme qui est dans 51 % des cas une femme – au centre de nos préoccupations et la conscience au centre du débat. Il ne faudrait pas que, dans un texte technique, disparaisse cette dimension humaine – plus que philosophique – qu'on appelle l'humanisme – et le terme ne vaut que ce qu'il vaut. Vous avez le devoir de garder cette dimension de conscience au-delà de la régulation technique qui par ailleurs vous incombe, puisqu'il faut bien que vous l'encadriez par les textes.

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