Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le président de la commission des affaires culturelles, monsieur le rapporteur, chers collègues, le texte qui nous est soumis aujourd'hui vise à instaurer une taxe de 5 % sur les transferts de sportifs professionnels au-delà d'un montant qui, en l'état, n'est pas encore défini.
En guise d'avant-propos, je souhaite rappeler une donnée chiffrée qui a été établie en 2016 par le rapport de la société FIFA TMS sur les transferts internationaux. Seuls 10,7 % des transferts dans le football sont réalisés moyennant le versement d'indemnités. Les transferts payants ne sont donc que le haut de la pyramide.
Si l'objectif poursuivi par cette proposition de loi est tout à fait louable en soi – nous avons tous été interpellés par les montants des transferts qui ont eu lieu cet été, notamment celui de Neymar – il n'en demeure pas moins que, passée cette première impression, les doutes quant à l'effectivité du texte qui nous est soumis sont indéniables. Je me limiterai, dans cette intervention, aux aspects purement juridiques.
Votre proposition de loi, cher collègue, se heurte tout d'abord à la législation européenne et, plus précisément, au droit européen de la concurrence. En effet, c'est bien le droit européen de la concurrence qui encadre les mécanismes de régulation dans le sport. À cet égard, la Cour européenne de justice, dans l'arrêt Bosman de 1995, a affirmé de façon explicite le principe selon lequel le droit communautaire s'applique au sport, dès lors que celui-ci constitue une activité économique, au sens de l'article 2 du traité de Rome, devenu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. C'est le cas lorsque le sportif est considéré comme un professionnel, qu'il s'agisse d'une activité salariée ou d'une prestation de services. En conséquence, la rupture d'égalité proposée par le texte non seulement entre les pays, mais aussi entre les clubs, revient à fausser la concurrence au sein même de l'Union européenne et, singulièrement, aux dépens de la France.
Par ailleurs, par l'effet du développement des activités commerciales liées au domaine sportif, les organes communautaires ont intégré le sport au sein de leur champ de compétences. Un sportif professionnel peut donc être considéré comme un travailleur, au sens du droit de l'Union européenne. Dès lors, il semble évident que les règlements fédéraux, notamment ceux ayant trait aux opérations de transfert de sportifs, doivent respecter les principes issus du droit de l'Union européenne.
Bien que votre intention soit louable, la création d'une taxe qui ne s'appliquerait qu'en France contraindrait les acheteurs étrangers, tout en limitant la circulation des joueurs nationaux. Elle constituerait une distorsion concurrentielle opposée au droit de l'espace communautaire.