Intervention de Michel Badré

Réunion du jeudi 18 février 2021 à 16h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Michel Badré, rapporteur de l'avis du CESE sur le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets :

En effet, mais ce dernier a été réalisé dans le cadre de la mandature actuelle et son objet était beaucoup plus restreint. Quoi qu'il en soit, on peut estimer que depuis cinq ans, les choses ont changé et qu'il faudrait actualiser les documents, mais c'est une question que le CESE a toujours eue en point de mire.

La lutte contre le changement climatique et le développement durable sont-ils compatibles ? La question est bien trop vaste pour que nous puissions y répondre aujourd'hui ! Pour ma part, je travaille depuis très longtemps sur ces sujets. Si je le fais, c'est que je suis convaincu qu'il y a des enjeux colossaux derrière : il suffit de lire les écrits des scientifiques pour s'en convaincre ; si nous n'y prenons garde, nous irons dans le mur. La difficulté à laquelle nous nous heurtons, et qui fait le sel de la question, c'est que nos concitoyens n'ont pas tous le même mode de vie – certains habitent en ville, d'autres en périphérie urbaine, d'autres encore à la campagne – et que leurs conceptions du monde, leurs opinions, leurs contraintes sont différentes. J'ai entendu récemment qu'une société démocratique, c'était la possibilité de vivre ensemble avec des idées différentes ; j'en suis convaincu. C'est pourquoi tout ce qui permet de faire travailler en bonne entente des citoyens qui n'ont pas les mêmes idées est bienvenu. De surcroît, tout le monde n'a pas la même latitude de choix : il est essentiel de prendre en considération le sort des plus défavorisés et de veiller à la justice sociale. À défaut, les objectifs de neutralité carbone en 2050 et de zéro artificialisation nette, ce sera du vent ! Il faut bien comprendre que nous n'avons pas le choix : si l'on néglige les enjeux climatiques, les personnes défavorisées se trouveront de plus en plus en difficulté, les fractures territoriales s'accentueront et on sera vraiment mal. C'est pourquoi il est indispensable d'associer la lutte contre le changement climatique et le développement durable.

La réindustrialisation de notre pays est impérative. Nous ne pouvons continuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre en « exportant » celles-ci. Depuis vingt ans, la baisse de nos émissions est en grande partie due au fait que nous avons exporté les industries polluantes ; l'empreinte carbone, quant à elle, n'a pas été réduite. Le développement durable n'implique pas l'arrêt de l'industrie, bien au contraire, même si l'on ne peut échapper à certaines contraintes. Des études sectorielles ont été réalisées ; on sait par exemple comment il faudrait s'y prendre pour réduire considérablement les émissions du secteur de l'énergie. Le principe du projet de loi, c'est, en procédant brique par brique – le logement, la mobilité, la politique agricole… –, de fixer un objectif qui est certes exigeant, mais incontournable.

Je voudrais pour terminer préciser une chose. Nous avons eu des discussions assez vives en section avec le groupe de l'agriculture, le groupe de l'artisanat et le groupe des entreprises, qui nous ont dit : « Vous êtes bien gentils, mais tout cela n'est pas simple ». L'avis a néanmoins été voté par seize des dix-huit groupes du CESE, deux s'étant abstenus pour des raisons – Mme Anne-Marie Ducroux l'a rappelé – davantage liées au projet de loi lui-même qu'à notre texte. Ce n'était pas acquis d'avance. Cela montre qu'il est possible de construire quelque chose en commun, secteur agricole et très petites entreprises inclus. Ce n'est pas facile, loin de là, mais c'est absolument vital – je n'aurais pas choisi le métier que j'ai exercé pendant quarante ans si je n'en étais pas convaincu.

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