Intervention de Benoît Granier

Réunion du vendredi 26 février 2021 à 9h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Benoît Granier, responsable « Alimentation » du Réseau Action Climat :

À ce jour, la plupart des mesures relatives à l'élevage sont contenues dans le plan stratégique national (PSN). Nos propositions dans ce domaine sont rédigées dans un souci de cohérence avec les orientations du PSN, et l'interdiction de construction de nouveaux élevages les plus polluants et industriels entre dans ce cadre. Il n'est pas question d'interdire des élevages existants mais de favoriser la montée en gamme de l'agriculture française, conformément à l'objectif de la loi EGALIM. La question du « moins et mieux » se pose aussi pour les produits d'origine animale et rassemble de plus en plus d'acteurs dans le monde agricole, notamment parmi les syndicats professionnels, comme on le voit avec les campagnes Interbev. L'enjeu n'est pas seulement climatique : il s'agit aussi de limiter les pollutions locales telles celle par les algues vertes – le coût de dépollution de l'eau étant élevé, vous ferez plaisir aux élus locaux par ce type de mesures, singulièrement en Bretagne – et de réduire le risque de zoonoses. Les élevages les plus intensifs, qui sont autant de nids à virus, sont de très gros facteurs de risques, d'autant que l'alimentation animale dans ce type d'élevage est un facteur de déforestation qui présente en soi un autre risque de zoonose. Écoutez, demain, l'émission Secrets d'info, sur France Inter : le lien y est expliqué. Or, la question des zoonoses me paraît être d'une assez grande actualité. Et puisqu'il est beaucoup question d'acceptabilité, le sondage Harris Interactive publié hier montre que 83 % des Français seraient favorables à l'interdiction des élevages les plus polluants et industriels. Il n'y aurait donc pas de risque à prendre cette mesure qui, au contraire, satisferait les citoyens français.

Á propos des menus végétariens, autre mesure structurante, une étude du bureau d'études BASIC montre que si un quart à un tiers des enfants choisissaient l'option végétarienne tous les jours – c'est ce que l'on observe dans les 200 cantines scolaires où c'est déjà possible –, on réduirait les émissions de gaz à effet de serre de 15 à 30 %. Peu de mesures permettent, pour un coût aussi minime, de telles réductions. La restauration collective publique servant en tout trois milliards de repas par an, on pourrait de cette manière faire baisser jusqu'à 30 % les émissions pour un coût très faible. Certes, un peu de formation est nécessaire au bénéfice des cuisiniers peu familiers des légumineuses, mais celles-ci coûtent moins cher que la viande et l'on se rend compte que plus il y a de menus végétariens, donc moins onéreux, plus est proposée par ailleurs de viande locale et de qualité ; c'est important dans le contexte où se trouve l'élevage français. On connaît aussi les résultats du sondage Harris Interactive : 80 % des Français souhaitent qu'un menu végétarien soit rendu obligatoire dans la restauration collective tous les jours ou deux fois par semaine. Quand on parle d'acceptabilité, je pense que c'est une donnée à prendre en compte.

Le temps me manquant pour traiter de l'éco-score, je vous invite à contacter le WWF, qui est en concertation avec les ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement à ce sujet, ainsi que l'ADEME. Je précise seulement que la dernière étude bio NutriNet a montré que d'un panier bio, bien qu'il contienne de la viande et des produits laitiers bio, résultent 37 % d'émissions de CO2 de moins que d'un panier classique. Cela signifie qu'il n'y a pas de hiatus entre les enjeux climatiques et le fait d'avoir de l'extensif et du bio, mais que l'enjeu tient aussi au rééquilibrage des apports en protéines : si les produits d'origine animale sont moindres mais de meilleure qualité, donc bio et extensifs, les émissions de CO2 sont inférieures de plus d'un tiers.

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