Intervention de Bruno le Maire

Réunion du lundi 1er mars 2021 à 17h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Bruno le Maire, ministre :

Ce dispositif est effectivement un levier très efficace pour favoriser le verdissement de notre économie. Cela étant, il est indispensable – je le redirai tout au long de l'audition – de prévoir un temps d'adaptation. Certains rêvent que, du jour au lendemain, nous changions l'intégralité des procédures et verdissions notre économie. Sans renier nos ambitions en matière de transition écologique, il est indispensable de partir de la réalité. D'abord, il faut former des acheteurs publics, ce qui prend du temps. Ensuite, si l'on engage trop rapidement le verdissement de la commande publique, on risque de favoriser les plus grandes entreprises, qui seront à même de s'adapter à ces nouvelles règles, au détriment des TPE et des PME. Or, l'une des grandes orientations du plan de relance, qui est absolument fondamentale à mes yeux et que nous assumons, consiste à favoriser les TPE et les PME, ce qui peut conduire à allonger les délais. L'entrée en vigueur de la mesure prévue à l'article 15 au terme d'une période de cinq ans permet, à mon sens, de limiter le risque.

Je suis convaincu que la décarbonation de l'économie sera créatrice d'emplois, mais cela suppose que nous investissions massivement en faveur de l'innovation et des nouvelles technologies ; les 7 milliards d'euros que nous affectons à l'hydrogène sont, à cet égard, emblématiques. Nous mettons en œuvre le plan hydrogène – notre plus gros programme de transition industrielle – conjointement avec l'Allemagne, dans le cadre d'un projet d'intérêt collectif européen. Cela doit nous permettre, à terme, de créer 100 000 emplois sur une période de dix ans. Ces investissements auront donc un impact considérable.

De manière générale, nous devons veiller à ce que la chaîne de valeur – pour l'hydrogène, il s'agit des entreprises qui réaliseront l'électrolyse – se trouve en France. Si des usines d'électrolyse situées à l'étranger, alimentées par du courant électrique étranger, transféraient l'énergie en France ou en Europe, cela ne présenterait aucun intérêt. Il faut que nous ayons chez nous les usines qui produiront l'électrolyse, les valves, les éléments de stockage et de distribution, tout ce qui nous permettra de créer des emplois en France.

Par ailleurs, si nous voulons que ce soit efficace, il faut garantir une bonne transition. Dans l'expression « transition écologique », les deux mots comptent : l'écologie est essentielle, la transition aussi. Assurer la transition signifie que l'on accompagne les salariés, les ouvriers pour qu'ils aillent vers d'autres types d'activités et reçoivent les formations nécessaires. Je suis de très près l'usine Bosch de Rodez, qui fabrique des injecteurs diesel et emploie près de 1 200 personnes : il serait très facile d'affirmer que l'on ne veut plus de diesel, que l'on ne fabriquera plus d'injecteurs et que les ouvriers devront se débrouiller, mais – je veux dire très clairement – il n'est pas possible de tenir un tel discours ! Il faut accompagner, former, ménager du temps pour que chacun y trouve son compte, y compris les dizaines de milliers de salariés qui travaillent dans des activités carbonées. Notre majorité a beaucoup d'ambition écologique mais aussi beaucoup de respect social ; autrement dit, elle a la volonté d'accompagner et de former tous ceux qui, sinon, seraient les victimes d'une transition trop rapide.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.