Intervention de Bruno le Maire

Réunion du lundi 1er mars 2021 à 17h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Bruno le Maire, ministre :

Je transmettrai votre demande aux ministères de l'agriculture et de la transition écologique, plus à même d'évaluer l'impact de cette disposition.

La question de la production d'hydrogène est fondamentale. D'abord, pour tout ce qui concerne les projets de chaîne de valeur, il n'y a de solution qu'à l'échelle européenne. Si l'enveloppe de 7 milliards d'euros paraît considérable, elle sera insuffisante pour bâtir une filière de production d'hydrogène décarbonée à l'échelle nationale ou européenne. Il faut donc conjuguer nos efforts. Les Allemands ont décidé d'y consacrer 9 milliards, et je préfère disposer de 16 milliards que de 7 milliards d'euros ! Il faudrait que d'autres pays européens participent au projet important d'intérêt européen commun ( Important Project of Common European Interest ou IPCEI) pour arriver à une somme d'environ 30 milliards d'euros, à partir de laquelle nous pourrions avoir sur le territoire européen une production d'hydrogène totalement décarbonée et rentable.

Il me semble ensuite essentiel que les usines de production d'hydrogène par électrolyse soient installées en France parce que c'est là que se trouve la technologie. Toutefois, pour faire tourner les électrolyseurs, nous aurons massivement besoin d'électricité. Comment faire pour disposer d'une énergie décarbonée, immédiatement disponible, en continu et à un prix attractif ? C'est là l'un des grands enjeux stratégiques des vingt-cinq prochaines années. Les Allemands souhaitent faire produire cette électricité au Maghreb ou en Arabie Saoudite, en utilisant de vastes panneaux solaires. Dans cette hypothèse, on pourrait imaginer un réseau de raccordement empruntant des lignes à très haute tension entre le Maroc et l'Europe, avec des installations d'électrolyse implantées par exemple dans le sud de la France. Il faudrait ensuite organiser des réseaux de distribution d'énergie électrique décarbonée à travers l'Europe – ce dont nous discutons avec les Allemands. En revanche, que l'électrolyse soit faite hors du territoire européen, et plus particulièrement hors de France, ne me semble pas une bonne option, parce qu'on perdrait ainsi la valeur ajoutée, ainsi que les compétences et les emplois associés.

Je rappelle que nous disposons en France d'un atout, c'est d'avoir une part d'électricité décarbonée immédiatement disponible grâce à l'énergie nucléaire, ce qui n'est pas le cas en Allemagne. Et si je souhaite que l'on accélère le déploiement des énergies renouvelables pour compléter cette production, il faut que nous conservions cet atout.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.