Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mercredi 3 mars 2021 à 14h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Julien Denormandie, ministre :

Vous êtes le premier à me parler de la difficulté qu'entraîne le couvre-feu pour les AMAP ; je vais y regarder de plus près. Je crois beaucoup à ce réseau. Le plan de relance prévoit un financement des circuits solidaires et des circuits de distribution de très grande proximité, dont celui des AMAP. Nous devons valoriser ce dispositif remarquable, notamment par la plateforme, qui se révèle efficace puisque, depuis son lancement, elle a donné lieu à plus de 300 000 connexions pour plus de 14 000 points de vente.

La question de la viande dans les cantines a fait couler beaucoup d'encre. Le programme national nutrition santé (PNNS) élaboré par des scientifiques et des nutritionnistes recommande de consommer une à deux fois par jour poisson, œuf ou viande, de manière alternée. C'est aussi ce que prévoient les textes réglementaires de 2011. Une approche telle que celle proposée par la loi ÉGALIM, consistant à donner le choix à nos enfants, est très différente de celle revenant à leur interdire l'accès à la viande. Les moyens d'information étant ce qu'ils sont, il est important d'être précis sur ce dont nous parlons.

Quel est l'enjeu de l'accès à la viande pour nos enfants, notamment dans les milieux défavorisés ? J'ai été trois ans ministre de la ville. Vous connaissez bien le terrain, Monsieur le député. Beaucoup de familles viennent me dire : « Heureusement qu'il y a la cantine pour avoir des repas bons et équilibrés ! » La question est l'accès à une viande de bonne qualité. Mon combat n'est pas de m'opposer à la viande, mais de proposer à nos enfants de la viande de bonne qualité, c'est-à-dire de la viande de proximité, issue de nos pratiques culturales et sous label. Quand j'aurai signé, d'ici quelques semaines ou quelques mois, le décret imposant d'indiquer l'origine de la viande dans toutes les restaurations, vous verrez qu'il fera parfois du bruit.

Concernant les menus végétariens, le projet de loi va plus loin que la loi ÉGALIM. Soit vous n'écoutez pas ce qu'on vous dit, soit vous déformez les propos tenus : c'est usant ! Vous voulez imposer des pratiques alimentaires à nos enfants, dites-le ! Ce n'est pas républicain. Pour ma part, je suis pour le choix. Voilà encore un exemple du jeu auquel vous et vos collègues vous livrez en permanence.

Je l'ai dit, je me suis engagé à vous fournir les résultats de l'expérimentation avant l'arrivée du projet de loi dans l'hémicycle. Le texte présenté me convient parfaitement, car ce que des cantines peuvent faire dans certains territoires n'est pas possible ailleurs. Je recommande d'investir massivement dans les cantines. C'est pourquoi nous consacrons 50 millions d'euros, dans le cadre du plan de relance, à l'accompagnement de la montée en gamme des cantines, à la promotion du frais et du local par le financement de légumeries ou de conserveries et à l'investissement dans les matériaux de cuisson – remplacer les barquettes en plastique par d'autres matériaux permet de donner accès à des aliments de meilleure qualité. Tout cela est pragmatique et tient compte de la réalité du terrain.

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