Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mercredi 3 mars 2021 à 14h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Julien Denormandie, ministre :

. Vous connaissez mon amour pour les forêts, mais celles-ci ont réalisé une véritable OPA sur les crédits carbone : tout le monde est persuadé que, pour faire de la compensation carbone, il faut investir dans la forêt. Pourtant, à l'échelle du globe terrestre, mer exceptée, le premier lieu de captation de carbone n'est pas la forêt, mais c'est le sol. Mais le monde agricole n'a pas été considéré comme un acteur de captation du carbone.

Pour qu'il le soit, il convient, d'abord, d'instaurer des méthodes. Nous venons d'en finaliser deux, l'une pour le sol, Carbon Agri, l'autre concernant les haies – nous finançons massivement la replantation de haies ; nous prévoyons d'en planter sur 7 000 kilomètres d'ici à 2022.

Ensuite, il faut financer les bilans carbone. Dans le cadre du plan de relance, nous consacrons 10 millions d'euros à ceux des installations des jeunes agriculteurs, dont je salue le travail : ils sont très investis dans ce domaine et nous avons beaucoup œuvré avec eux à la mise en œuvre de cette mesure.

Enfin, il faut faire coïncider l'offre et la demande, en instaurant des plateformes régionales ou nationales où la compensation – qu'elle soit obligatoire, comme au sein du marché européen, ou volontaire – serait apportée par le sol en tant que puits de carbone. Nous travaillons activement avec plusieurs instituts spécialisés au montage de ces plateformes, qui fait partie des beaux projets montrant qu'agriculture et environnement sont intrinsèquement liés.

Je crois à la multifonctionnalité de la forêt. Celle-ci a au moins une triple fonction : une fonction de préservation de l'environnement, une fonction sociétale et une fonction économique. À l'époque où je faisais des études forestières après des études d'agronomie, on disait : « La forêt avance mais le bois recule. » C'est toujours le cas : la forêt n'a jamais été aussi étendue depuis le Moyen Âge, elle a presque doublé depuis la révolution industrielle ; pourtant, l'on consomme moins de 50 % de la production nouvelle annuelle de bois et l'on ne cesse d'en importer, alors même que l'on veut réaliser plus de constructions en bois et utiliser davantage de biomatériaux – la nouvelle réglementation environnementale 2020 va y contribuer, et c'est très bien.

La bonne formule est la gestion durable : il faut des zones de libre évolution et des zones de protection, mais, au-delà des zones protégées, il convient d'assurer une gestion durable de nos forêts tenant compte de cette triple fonction. Il faut faire avancer la forêt en faisant avancer le bois.

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