Monsieur le président, monsieur le ministre d'État, ministre de l'intérieur, monsieur le rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République, mes chers collègues, depuis 2010, l'Europe fait face à l'une des plus importantes crises migratoires de son histoire contemporaine. La crise a été fortement amplifiée en 2015 par les conflits au Moyen-Orient : cette année-là, plus d'un million de personnes sont entrées illégalement dans l'espace Schengen. Nous avons tous en mémoire les images insoutenables de migrants traversant les frontières, les mers et les montagnes au péril de leur vie, et nous avons tous conscience que ces événements tragiques n'appartiennent pas qu'au passé ou au présent, car tout laisse à penser qu'ils ne feront que s'accroître dans l'avenir.
La France possède une tradition historique d'accueil des demandeurs d'asile. C'est d'ailleurs l'honneur de la République que d'accorder sur ses terres l'asile à toute personne persécutée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social, de ses opinions politiques ou de son combat pour la liberté. Mais cet engagement moral ne doit pas nous empêcher de rester lucides et de regarder la réalité. Cette réalité, c'est qu'il y a, aux côtés de réfugiés dont la vie est réellement menacée, de nombreux migrants qui sont, eux, simplement à la recherche de meilleures perspectives économiques. Cette réalité, c'est aussi que des conflits, des trafics mais aussi des changements climatiques vont considérablement accroître la pression migratoire.
En 2016, la France a reçu plus de 86 000 demandes d'asile, soit 42 % de plus qu'en 2012. Elle se classe désormais au troisième rang des pays d'accueil en Europe, derrière l'Allemagne et l'Italie. Ces hausses inédites deviennent alarmantes lorsque l'on constate que notre dispositif d'asile souffre d'ores et déjà de la longueur excessive des délais de traitement des demandes.
Il est vrai que le Gouvernement a récemment annoncé différentes mesures, notamment le plan d'action pour garantir le droit d'asile et mieux maîtriser les flux migratoires ainsi que des réformes législatives à venir, qui devraient permettre notamment de mieux lutter contre l'immigration irrégulière, de raccourcir le délai moyen de traitement et d'augmenter la capacité des structures d'hébergement. Le groupe UDI, Agir et indépendants souscrit naturellement à cette ambition, mais nous tenons à vous rappeler, monsieur le ministre d'État – je vous prie de m'excuser pour cette parenthèse – , que, ces dernières années, les pouvoirs publics n'ont réagi que dans l'urgence pour tenter de faire face à des situations qui nous dépassaient tous.
Les réformes que vous conduirez demain ne pourront donc se contenter d'être conjoncturelles : elles se doivent d'être structurelles.