Monsieur le président, monsieur le ministre d'État, mes chers collègues, j'ai le sentiment d'être témoin d'une triste hypocrisie. Je me souviens, en effet, de l'émotion qui avait saisi l'ensemble des groupes parlementaires après la diffusion du reportage de la chaîne américaine CNN montrant au monde la mise en esclavage, en Libye, de réfugiés originaires d'Afrique. J'ai aussi le souvenir d'images qui avaient bouleversé notre pays et qui, j'en suis convaincue, nous avaient toutes et tous bouleversés également : celles de personnes qui, cherchant tout simplement à échapper à la guerre et à la misère, avaient trouvé la mort en Méditerranée.
Les réfugiés – j'espère que nous serons d'accord sur ce point – ne sont pas des marchandises. Ce sentiment humain d'horreur que nous inspire la réalité qu'ils vivent, nous devons parvenir à le traduire en actes conformes à notre devoir d'humanité.
Or, bien que j'aie entendu, y compris de la part du Président de la République, des discours empreints d'empathie vis-à-vis des réfugiés, le Gouvernement s'apprête à soutenir un texte qui, sous couvert de permettre une bonne application du régime d'asile européen, va rendre encore plus difficile la situation des personnes qui relèvent de ce droit sur notre territoire, au mépris de la Convention de Genève de 1951.