Pour ce qui est de la réalité agronomique, nous sommes d'accord. Nous avons eu cinquante années de scandale dans l'organisation du commerce international. Les Américains ont clairement dit au moment du traité de Rome que l'Europe pouvait bien faire ce qu'elle voulait, mais qu'elle devait être dépendante de leurs protéines. Tout ce qui est fait au niveau national, avec le plan « protéines », ou au niveau européen va donc dans le bon sens. C'est autant de déforestation importée qu'on arrête, autant de lutte pour la biodiversité qu'on mène.
Cela étant dit, il faut trouver, d'un point de vue agronomique, comment soutenir la production de légumineuses. Le plan de relance consacre 100 millions d'euros à la stratégie protéines végétales, dont une grosse partie tournée vers la production de légumineuses. Il y a des exemples magnifiques, comme celui du département de la Marne qui s'est tourné tout entier il y a trente ans vers les légumineuses. Reste que tout dépend évidemment des sols : certains par exemple n'acceptent pas la luzerne, qui est pourtant une plante fabuleuse. C'est pourquoi je pense que cet amendement est principalement un amendement d'appel : il serait difficile d'imposer 10 % de légumineuses à tous les agriculteurs. En revanche, la question qu'il pose doit être résolue dans les toutes prochaines semaines : faut-il, dans le cadre de la politique agricole commune et du plan stratégique national, des aides couplées « protéines » pour accompagner les agriculteurs dans le financement et le développement des assolements en légumineuses ?