Monsieur le président, si je suis synthétique, je vais être frustrant, et si je suis exhaustif, je vais vous déplaire. (Sourires.) Ma proposition de revenir une nouvelle fois devant vous me paraît donc un bon compromis. Vos questions sont nombreuses et vos demandes d'informations supplémentaires sont tout à fait légitimes.
Commençons par le propos le plus général, mais dont je veux bien admettre qu'il soit sincère, notamment lorsqu'il est avancé très à gauche : dans le discours des Mureaux, il n'y avait pas que cela. C'est vrai. Mais il y avait aussi cela. Et le Président de la République n'a jamais dit que le discours des Mureaux était l'exposé des motifs d'un projet de loi que le ministre de l'intérieur allait vous présenter. Il a évoqué divers sujets qui n'ont strictement rien à voir avec notre texte : ainsi, l'enseignement de l'arabe en langue optionnelle dans l'école de la République n'a pas à être traité dans un texte de loi, il s'agit de créer des postes de CAPES ou d'agrégation de professeur d'arabe.
Le Président de la République a également évoqué l'urbanisme et le logement. J'étais maire au moment où M. Vallaud exerçait des responsabilités politiques : j'ai pendant cinq ans présenté des dossiers à l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) sans jamais récolter de crédits… C'est tout de même nous qui avons mis 10 milliards d'euros dans le budget de l'ANRU pour justement mener à bien ces difficiles politiques de peuplement et d'urbanisme. Comme dit la publicité, ce ne sont pas ceux qui parlent le plus qui en font le plus… Ce texte n'est pas un résumé du discours des Mureaux, il n'en est qu'un volet. Il y en a bien d'autres : un volet peuplement, un volet urbanisme, un volet éducation, un volet égalité des chances, un volet lutte contre les discriminations, un volet immigration, un volet intégration. Il faut tout un village pour élever un enfant, dit un proverbe africain, et c'est très juste.
Le document que nous vous présentons n'est pas un discours de politique générale ; c'est un projet de loi visant à conforter les principes républicains. J'entends qu'on pourrait les étendre à l'envi jusqu'aux droits sociaux et économiques, ce n'est pas tout à fait l'objet du texte proposé par le ministère de l'intérieur. Et on ne peut pas tout à la fois dire qu'il touche à beaucoup de libertés fondamentales et le taxer de loi bavarde, monsieur Peu. J'entends bien vous démontrer que c'est une loi très importante et qui justifie sans doute la création de cette commission spéciale.
Passons sur deux ou trois attaques politiciennes ; compte tenu de l'importance du sujet, j'éviterai autant que faire se peut de répondre aux provocations qui n'ont pas lieu d'être. Si l'on veut que ses propositions soient entendues, encore faut-il qu'elles soient entendables.