Alors qu'à l'origine, votre projet de loi affichait l'ambition claire de lutter contre le séparatisme et la menace islamiste, vous avez décidé de gommer ces termes fondamentaux. Si l'on ne peut que saluer l'effort sémantique ou le marketing politique dont vous avez fait preuve, la peur de nommer les choses pour éviter tout amalgame ou stigmatisation n'en témoigne pas moins de votre manque de courage politique et de l'absence d'un discours de vérité à l'égard des Français et des familles des victimes du terrorisme islamiste, pour qui j'aurai une pensée à cet instant.
Comment peut-on lutter contre un ennemi que nous n'osons pas nommer ? Notre ennemi est l'islamisme politique et radical, qui attaque les valeurs de la République, menace nos libertés, égorge les professeurs et assassine des croyants, des caricaturistes, des jeunes de notre pays. En ne nommant pas les choses, vous laissez la place à des amalgames entre islam, islam politique, islamisme. Vous allez priver de liberté certains mouvements philosophiques, religieux, communautaires ou identitaires totalement pacifistes et non séparatistes, et en faire des victimes collatérales. Par ailleurs, vous oubliez un grand nombre de sujets : vous ne dites rien de l'immigration alors que les terroristes qui ont commis les derniers attentats n'étaient pas de nationalité française ; vous gommez l'épineuse question de la radicalisation en prison, de l'aumônerie carcérale ou encore du suivi pénitentiaire des terroristes ; s'agissant du contrôle des imams, vous ne prévoyez qu'un simple agrément, ce qui n'est pas à la hauteur des enjeux. Monsieur le ministre, êtes-vous prêt à accepter nos amendements qui tendent à enrichir ce texte ?