Intervention de Éric Diard

Réunion du mercredi 13 janvier 2021 à 9h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Diard :

Mes questions s'adresseront surtout à Mme Trigo. En préambule, je tiens à préciser que nous sommes tous d'accord sur un point : le plus grand adversaire et ennemi des musulmans, c'est le fondamentalisme, ce fondamentalisme qui leur fait du mal. Vous pouvez penser que ce texte vise particulièrement le séparatisme et la radicalisation islamistes, parce qu'ils sont très prégnants, mais le texte est bien de portée générale. En effet, comme l'ont rappelé certains collègues, il existe d'autres séparatismes, d'autres radicalismes, qui sont malheureusement, je le crains, amenés à se développer dans les prochaines années.

Avec Éric Poulliat, j'ai été rapporteur d'une mission sur les services publics face à la radicalisation. À ce titre, nous nous étions particulièrement penchés sur l'Éducation nationale. Nous avions constaté qu'il existait un avant et un après 2015, année des attentats, et que les informations relatives à la radicalisation avaient tendance à bien remonter, grâce aux référents laïcité et aux enseignants, qui jouaient plutôt bien le jeu – pardonnez-moi l'expression. La problématique des atteintes à la laïcité et du prosélytisme demeurait toutefois prégnante. Malheureusement, la tragédie de la mort de Samuel Paty nous l'a rappelé avec brutalité. Le ministre de l'Éducation nationale avait d'abord recensé quatre-cents atteintes à l'hommage à Samuel Paty, avant d'en dénombrer plutôt huit-cents trois semaines plus tard. La semaine dernière, un sondage révélateur de l'Institut français d'opinion publique (IFOP) soulignait que plus de 40 % des enseignants s'étaient déjà autocensurés, tandis que 19 % d'entre eux ont fait état de troubles à l'occasion de l'hommage à Samuel Paty. Je suppose donc que nous sommes bien au-delà de huit-cents perturbations. Le sujet semble particulièrement problématique, d'autant plus avec cette volonté « de ne pas faire de vagues ». Pour ma part, j'ai l'impression que les enseignants ne se sentent pas toujours soutenus par la hiérarchie, comme en témoigne l'exemple du professeur lyonnais dont nous avons entendu parler la semaine dernière. Ma question est donc simple : que faire pour que la hiérarchie s'engage auprès des enseignants ?

Ma seconde question concerne les cours d'éducation civique et morale, qui ont été mis en place en 2015. Il ne s'agit pas d'un cours magistral, mais d'un cours structuré autour de débats, qui peuvent parfois poser des difficultés, comme nous l'avons vu avec la tragédie vécue par Samuel Paty et la récente affaire de ce professeur lyonnais. Ne serait-il donc pas souhaitable de revenir à un cours magistral ? Il me semble qu'il appartient aux enseignants de transmettre les éléments en matière d'enseignement civique et moral. N'est-ce pas fondamental de votre point de vue ?

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